À l’approche des élections législatives et locales de septembre et octobre, d’anciens militants du Parti Démocratique Gabonais (PDG), désormais encartés à l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), se retrouvent face à leurs anciens compagnons restés fidèles au PDG. Le PDG et l’UDB : ne serait-ce pas la même chose, un simple blanc bonnet, bonnet blanc ?
Combien de militants compte le nouveau parti présidentiel, l’UDB, lancé en juillet dernier par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema ? S’il est difficile de chiffrer précisément ce nouveau parti de masse, une chose est sûre : son nombre d’adhérents dépasse largement les dix mille exigés par le code électoral. Il faut dire que bien avant l’officialisation de l’UDB, des milliers de militants de l’ancien parti au pouvoir avaient déjà rejoint les rangs du parti d’Oligui Nguema, non pas les mains liées, mais bien souvent par opportunisme assumé.
En avril dernier, en pleine campagne électorale présidentielle, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, resté fidèle au président déchu Ali Bongo, exhortait déjà ses compagnons politiques du PDG à assumer leur positionnement politique. Il les incitait à rejoindre l’UDB plutôt que de continuer à militer au sein de l’ancien parti au pouvoir, tout en étant de facto alliés à leur tombeur. On ne pouvait mieux dire.
À l’occasion des prochaines élections législatives et locales, les premières depuis la chute du régime d’Ali Bongo, la faction de Blaise Louembe et celle d’Onanga Y’Obegue sont parvenues à s’accorder sur une liste commune de candidats. Ils affronteront ainsi d’anciens camarades qui ont quitté le PDG pour l’UDB.
Cette situation peut certes paraître cocasse, mais elle a un goût amer pour tous les acteurs politiques, surtout pour ceux qui ont lutté contre les dérives du PDG et du régime d’Ali Bongo ces quatorze dernières années.
Au lendemain de la publication des candidats de l’UDB, qui défendront les couleurs du parti au pouvoir, la réaction ne s’est pas fait attendre. « À la guerre comme à la guerre », avait déclaré Joyce Laffite Ntsegue, un proche d’Alexandre Barro Chambrier, figure du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM). Il avait ajouté : « Si les candidats de l’UDB sont d’anciens PDGistes réformés, nous allons leur rappeler pourquoi nous nous sommes battus dans l’opposition toutes ces années, sans peur et avec conviction. »
Cette rivalité prend même une tournure juridique. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’UDB, la secrétaire générale du PDG, Angélique Ngoma, met en garde. « Certains démissionnaires (…) ayant obtenu l’investiture de votre Parti ne disposent pas de ce document », écrit-elle, faisant référence au “quitus” qui atteste qu’un militant est libre de tout engagement moral et financier vis-à-vis de son ancien parti. Elle brandit alors l’Article 82 de la Loi organique n°001/2025 portant Code électoral en République Gabonaise : « Un membre adhérant à un Parti politique légalement reconnu ne peut, dans un délai de quatre (4) mois au moins avant son élection, être investi par un autre Parti politique légalement reconnu sous peine d’annulation de son élection. » En conclusion, elle prévient : « Afin de prévenir tout contentieux (…), nous sollicitons votre intervention. »
À l’heure où les joutes électorales se préparent, l’analogie entre le PDG et l’UDB comme deux faces d’une même pièce pourrait prendre tout son sens. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les électeurs verront une réelle différence entre les deux.