Loin de la routine protocolaire, la réunion, qualifiée de crise, visait à comprendre les raisons de ces délestages intempestifs, particulièrement dans le Grand Libreville. D’un ton ferme et martial, Philippe Tonangoye n’a pas mâché ses mots. ” Le gouvernement ne peut plus accepter le laxisme, le désordre, les irrégularités, l’irresponsabilité des entreprises, la désarticulation des entreprises qui sont entretenues. On doit régler tout ça. Et je suis celui qui porte cette politique publique vis-à-vis des Gabonais et vis-à-vis du gouvernement.”
Pour marquer cette nouvelle ère, le ministre a annoncé des mesures drastiques : une enquête des services spéciaux sera diligentée auprès de chaque directeur général afin de dégager les responsabilités.
Enquête pour “collusion, sabotage et violence douce”
Philippe Tonangoye a révélé avoir déjà informé le gouvernement de sa démarche, et a même pris contact avec le commandant en chef de la Gendarmerie nationale pour des “investigations profondes”. Il a justifié cette décision par une “forte présomption de collusion, de sabotage et de violence douce”. “Je veux partir d’ici en sachant ce qui se passe techniquement, avec des réponses techniques claires, mais simples”, a-t-il insisté, précisant que “vous serez contactés par les équipes des enquêteurs pour savoir ce qui se passe. Je vous rappelle que l’eau et l’énergie sont du domaine de la souveraineté nationale.”
Dans cette optique de réorganisation et de responsabilisation, le ministre a également annoncé que “tous les autres postes au niveau de la société d’énergie et de l’économie feront l’objet d’un appel à candidature. Je tiens à ce que l’entreprise se réarticule comme il se doit. Mais il faut qu’on assure le service public de l’eau et de l’énergie.” Cette rencontre marque un tournant, sonnant comme la fin de l’impunité dans le secteur de l’eau et de l’électricité au Gabon. Le gouvernement d’Oligui Nguema semble déterminé à lancer “l’assaut” contre d’éventuels “belligérants”.
Réassurance et engagement du gouvernement
La veille de cette réunion, le ministre avait déjà pris la parole sur les antennes de Gabon Première pour exprimer la gravité de la situation. “Depuis quelques jours, notre pays est confronté à des coupures d’électricité répétées et prolongées dans nos grandes villes, ainsi que dans plusieurs localités de l’intérieur du pays. Ces interruptions sont survenues dans des conditions particulièrement troublantes, affectant gravement la vie quotidienne des populations et perturbant par conséquent l’activité économique.”
Il avait également souligné le caractère suspect de ces pannes, survenues quelques heures seulement après la fin de l’administration provisoire de la SEEG. “Ce samedi 30 mai, une réunion de crise encore plus élargie avec l’ensemble, cette fois, des acteurs du secteur de la production d’énergie dans le Grand-Libreville pour déterminer les responsabilités techniques et prendre les décisions qui s’imposent,” avait-il déclaré.
Le ministre a réaffirmé l’engagement du gouvernement à résoudre cette crise : “Au nom du président de la République, je tiens à rassurer les populations et tous les partenaires qui nous accompagnent que les mesures fortes sont prises pour faire face à cette forme de violence douce. Aucun acte de nature à compromettre la stabilité et le bien-être des citoyens ne restera impuni.” Il a conclu en appelant les citoyens à la sérénité et à la vigilance, rappelant que “les secteurs de l’eau et de l’énergie sont la priorité absolue qui en a fait le pilier numéro un de son programme de société à la hauteur des aspirations de la Vème République.”