Des victoires à la Pyrrhus
Ce phénomène se manifeste dans plusieurs localités stratégiques. À Franceville, l’ancien ministre de l’Énergie, Jeannot Kalima, candidat du PDG, l’ex-parti au pouvoir, est l’unique concurrent dans le département de la Lékabi-Lewolo à Ngouoni, ville natale du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Une victoire sans enjeu pour celui qui se présente seul face à plus de 5 000 habitants, et siège de l’une des plus puissantes associations du pays qui regroupe l’élite des populations Batéké et Obamba du Haut-Ogooué, l’association Tsoumou.
À Ntoum, la ministre de l’Éducation nationale advitam, en poste depuis le régime d’Ali Bongo, Carmelia Ntoutoume, fait également face à un boulevard. L’énarque de Sciences Po Paris est la seule en lice dans cette commune cosmopolite de l’Estuaire. Les électeurs n’auront qu’un seul bulletin à glisser dans l’urne : celui de la candidate du PDG, en rupture avec le désormais “Distingué camarade président”, Ali Bongo, en exil à Londres.
C’est aussi le cas à Koulamoutou pour Blaise Louembé, le secrétaire général du PDG, qui s’apprête à une victoire tout aussi facile. Blaise Louembé n’aura pas besoin de faire campagne électorale, vu qu’il est le seul candidat dans cette localité.
Enfin, à Mandji-Doulou, le président de l’Assemblée nationale de la transition, Jean François Ndougou, est également seul en course pour le compte du PDG. Les citoyens n’auront d’autre alternative que de voter pour l’ancien ministre de l’Intérieur sous Ali Bongo, à moins d’opter pour le bulletin blanc.
Ces situations interpellent. Au-delà des noms, elles soulignent une faiblesse systémique où l’absence de pluralisme érode la légitimité des urnes avant même le jour du vote. Au-delà même du débat politique, elles soulèvent un problème profond : alors que leurs futurs collègues à l’Assemblée nationale devront batailler dur pour siéger au Palais Léon Mba, quelle légitimité, quel mérite auront-ils à parler au nom du peuple en tant que député ?