Le rapport pointe du doigt un cas emblématique : la société African Conservation Development Group (ACDG), autrefois connue sous le nom de Sustainable Forestry Management (SFM). Depuis plus de 16 ans, l’entreprise bénéficie de baux emphytéotiques sur près de 731 000 hectares, sans pour autant tenir ses promesses de développement durable. Le document, explosif, révèle l’absence de toute infrastructure touristique, un manque criant de retombées économiques pour l’État et les populations locales, et l’échec total à obtenir des certifications internationales en matière de carbone.
Un modèle de gestion défaillant
L’enquête de la société civile met en évidence des lacunes profondes dans la gestion de ces concessions. Au-delà des promesses non tenues, le rapport détaille une série de problèmes qui minent le pays. Les communautés riveraines n’ont jamais bénéficié d’un mécanisme clair de partage des bénéfices, et des accidents mortels survenus dans les concessions signalent des défaillances en matière de sécurité. La transparence financière est également remise en cause, le rapport soulignant l’opacité des recettes fiscales générées et la nécessité urgente d’un audit.
De graves allégations de pratiques non éthiques sont également évoquées, notamment le trafic d’iboga et la divulgation de données scientifiques confidentielles. Ces révélations suggèrent que les projets s’appuient sur des réseaux d’influence étrangers plutôt que sur une véritable stratégie de développement. Pour l’organisation, cette situation entraîne une perte de souveraineté pour le Gabon et menace sa crédibilité sur la scène internationale en matière de gestion durable et de conservation.
Un appel à l’action pour une nouvelle vision
Face à cette situation, le rapport exhorte le gouvernement à réagir sans attendre. Il recommande la résiliation des baux défaillants et la réattribution des terres récupérées à des initiatives de foresterie communautaire, d’écotourisme durable et de conservation gérées par des Gabonais. L’organisation insiste sur la nécessité d’impliquer directement les populations locales dans les nouveaux modèles de gestion.
Le document appelle à un audit indépendant et transparent de toutes les grandes concessions forestières, et à une réforme des mécanismes fiscaux pour garantir une traçabilité des revenus. En conclusion, le Réseau des Organisations de la Société Civile salue les efforts du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour la réappropriation de l’économie nationale. Il invite le Parlement et le Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel (CESEC) à prendre leurs responsabilités pour mettre fin à ce qui est qualifié de « forfaiture » et protéger les intérêts du peuple gabonais.