Le collectif des employés, s’exprimant par la voix d’un de ses membres, contacté par notre rédaction, a réfuté point par point les arguments avancés par Aboubacar Beye, coordinateur général des affaires d’Ebomaf au Gabon. Ce dernier avait évoqué des difficultés liées à la non-appartenance des sites de la CNNII à l’État, l’insuffisance des recettes et la saisie des comptes pour justifier la situation actuelle dans un communiqué de presse.
« Si réellement cette concession est caduque, pourquoi Monsieur Bonkoungou a-t-il pris des engagements avec les plus hautes autorités de notre pays ? Pourquoi a-t-il accepté la responsabilité de reprendre la CNNII, de gérer la CNNII, de payer notre passif, nos 17 mois d’arriérés de salaire, nos fournisseurs, la CNSS, la CNAMGS ? », s’interroge avec véhémence le représentant du collectif.
Les accusations ne s’arrêtent pas là. Les employés dénoncent également le démarrage de travaux de réfection des quais sans contre-expertise gabonaise, le manque de transparence dans la gestion financière avec des recettes « mises dans des sachets » et emmenées au siège d’Ebomaf, ainsi que la suppression de postes de direction au profit de la fille de Mahamadou Bonkoungou, Farida Bonkoungou, présentée comme « coordinatrice générale » sans justification administrative claire.
« Quel est le pouvoir qui lui donne Titus de supprimer les postes de direction et mettre sa fille sans respecter les vices de forme ? », s’indigne le collectif, pointant du doigt une gestion opaque et autoritaire. L’ingérence de la fille du PDG dans les décisions managériales, allant jusqu’à contredire le Directeur Général en place, est également dénoncée : « Le DG Alexis Mpiga prend une décision à 10h. À 10h02, sa fille a pris une autre décision qui va à l’encontre », et« Elle gère l’entreprise sans tenir compte de sa culture et affirme à qui veut l’entendre que son père a racheté la CNNII ».
La situation matérielle des employés semble alarmante. Le collectif affirme être revenu à une « étape primaire », manquant cruellement de fournitures de base telles que le papier hygiénique et l’encre, et subissant des coupures de courant. Paradoxalement, ils se disent accusés de paresse par la direction.
L’arrivée de ressortissants burkinabés, présentés comme devant occuper des postes clés sans aucune qualification apparente, suscite également l’inquiétude. « On doit leur montrer le travail. Ils ont coupé les primes allouées aux retraités, les indemnités allouées aux retraités. Ils ont revu les salaires à la baisse sans notification, sans respect de vice de forme », déplore le collectif.
Une accusation particulièrement grave concerne l’utilisation de l’exonération fiscale de la CNNII par Ebomaf pour faire entrer des marchandises non contrôlées sur le territoire gabonais, ainsi que des ressortissants étrangers dont le statut et les documents ne sont pas vérifiés. « On ne sait pas ce qui rentre dans le territoire gabonais. On ne contrôle pas », alerte le collectif, soulevant des questions de sécurité nationale.
Malgré ces accusations accablantes, les employés insistent sur le fait que leur démarche n’est pas de remettre en cause la concession elle-même, mais de dénoncer les « dérives » et de demander le respect des engagements pris par Mahamadou Bonkoungou, notamment le paiement des arriérés de salaire et la révision des conditions de travail.
Le collectif rappelle les paroles du Président de la République concernant la restitution de l’honneur et de la dignité des Gabonais, soulignant que la CNNII est un « outil stratégique national ». Leur cri d’alarme met en lumière une situation sociale et économique préoccupante au sein de cette entreprise publique, et interpelle les autorités sur la nécessité d’une intervention rapide pour garantir les droits des travailleurs et la transparence de la gestion.