Alors que Brice Clotaire Oligui Nguema s’apprête également à consolider son pouvoir au Parlement, son parti, l’UDB, se présentant comme le fer de lance de la transition, il n’en demeure pas moins que son parti n’aligne que 120 candidats pour les législatives, laissant 25 circonscriptions sans sa bannière. À l’inverse, le PDG, l’ancien parti au pouvoir, surprend en couvrant l’intégralité des 145 circonscriptions.
Cette dynamique soulève une question essentielle : la transition et surtout la restauration des institutions sont-elles une rupture ou une recomposition du pouvoir ? Le cas de Ngouoni, la ville natale du président Oligui Nguema, est particulièrement révélateur. Dans ce fief symbolique, l’UDB ne présente aucun candidat.
C’est Jeannot Kalima, ancien ministre controversé de l’Énergie et cousin du chef de l’État, qui portera les couleurs du PDG. Ce choix fort en symboles envoie un message clair : l’ancienne machine politique conserve son influence et sa légitimité territoriale, même au cœur du pouvoir.
Le Haut-Ogooué, considéré historiquement comme le bastion de la famille Bongo, devient ainsi un laboratoire de cette nouvelle ère hybride. Oligui Nguema y confirme son autorité nationale tout en s’appuyant sur l’infrastructure et les réseaux de l’ancien parti.
La Ve République naît ainsi avec un compromis tacite, où le PDG semble jouer le rôle de garant de la continuité territoriale et des réseaux, tandis que l’UDB incarne la vitrine du renouveau et de la légitimité présidentielle.
Ce compromis semble être pleinement assumé par le nouveau pouvoir. Il est vrai que sans le soutien du PDG, la transition n’aurait pas été un long fleuve tranquille. La nomination d’apparatchiks de l’ancien régime aux postes clés de la transition a été un gage de stabilité.
Le nouveau parti présidentiel est conscient que sans le soutien du PDG, il aurait été difficile de faire du référendum ou de l’élection présidentielle du 12 avril dernier un véritable plébiscite pour Oligui Nguema.
L’UDB, malgré son aura en tant que parti politique au pouvoir, se montre comme une force politique encore inachevée.
Son rôle semble être celui d’une élite politique qui bénéficie du souffle de la transition, mais qui n’a pas encore la profondeur territoriale et la capillarité du PDG, quitte à fâcher ses alliés de la première heure, à l’exemple de l’Union Nationale de Paulette Missambo ou du Rassemblement pour la patrie et la modernité d’Alexandre Barro Chambrier.
Alors que la victoire du camp présidentiel paraît inévitable, le véritable enjeu n’est pas de savoir si Oligui Nguema aura une majorité, mais de déterminer qui la composera.
Si l’UDB capitalisera sur le prestige présidentiel, le PDG, fort de son ancrage historique, pourrait bien s’imposer comme le véritable poids lourd de la future assemblée. En attendant, le Gabon se prépare à des élections qui pourraient bien être le premier test d’une transition où la rupture n’est pas un concept, mais une subtile alliance.