Des dépenses ambitieuses mais jugées irréalisables
Le projet de loi de finances 2026 prévoit un quasi-doublement des dépenses totales (+97 %) par rapport à 2025, atteignant 44 % du PIB. Le point le plus marquant est l’envolée des dépenses d’investissement, qui devraient connaître une augmentation spectaculaire de 570 %.
Si cette hausse signale une priorité accordée à l’amélioration des infrastructures, Fitch Ratings juge ces plans irréalistes, estimant qu’ils seront « empêchés par des contraintes de financement ». L’agence prévoit en conséquence un déficit budgétaire nettement inférieur aux 15 % du PIB budgétisés, des objectifs qui contrastent fortement avec ses prévisions antérieures (déficits de 2,4 % du PIB en 2025 et 2,1 % en 2026).
Faible crédibilité et difficultés de financement
Le gouvernement table sur une croissance économique de 7,9 % en 2026, largement stimulée par les dépenses publiques. Une projection jugée trop optimiste par Fitch, qui table sur une croissance du PIB réel de seulement 2,6 %, impliquant une croissance des recettes non pétrolières inférieure aux attentes budgétaires.
Pour financer son déficit, le Gabon vise à mobiliser environ 60 % des fonds sur le marché intérieur et 40 % à l’extérieur. L’agence exprime son scepticisme sur la capacité du marché obligataire souverain régional de la CEMAC, dont dépend fortement le Gabon, à fournir de nouveaux financements nets significatifs pour la période 2025-2027, en raison d’une liquidité jugée tendue.
Dans ce contexte, Fitch insiste sur le caractère essentiel de l’obtention d’un nouveau programme auprès des prêteurs officiels pour stabiliser la politique monétaire et attirer des financements extérieurs.
Le FMI : Un partenaire improbable ?
Les autorités gabonaises ont pour objectif d’obtenir un nouveau programme du FMI en 2026, mais Fitch estime qu’il est peu probable que le FMI autorise d’importants emprunts non concessionnels pour financer un déficit budgétaire proche de 15 % du PIB.
L’enjeu est de taille : en juin 2025, lorsque Fitch a confirmé la note de défaut de l’émetteur en devises à long terme du Gabon à « CCC », l’agence avait déjà averti qu’une nouvelle dégradation de la note pourrait survenir si le gouvernement échouait à obtenir un programme de soutien des institutions multilatérales.
Perspectives pétrolières et poids de la dette
Bien que la production pétrolière soit prévue en baisse d’environ 3 %, les autorités anticipent une hausse de 36 % des recettes pétrolières en 2026, grâce notamment à l’intégration des recettes d’Assala Energy, acquise par la Gabon Oil Company. Cependant, cette transaction a été financée par un emprunt qui grèvera une partie de la production future, selon des conditions non divulguées.
En l’état, la stratégie de financement envisagée porterait la dette publique à près de 90 % du PIB, contre 73 % à la fin de 2024. Même si le ministre de l’Économie Henri-Claude Oyima lancé un audit de la dette extérieure, Fitch n’anticipe pas d’ajustement significatif de ses propres indicateurs de dette, car ils incluent déjà le montant de la dette contractée mais non encore comptabilisée.










