Chaos sur les candidatures et la liste électorale
L’un des principaux griefs de l’opposition concerne les violations flagrantes du Code électoral. “C’est la première fois dans l’histoire de notre pays où on va à une élection et le jour même où la campagne démarre on a encore la publication des listes de candidats,” a-t-il déclaré, citant des cas de listes qui “ont disparu” et d’autres qui “sont réapparues tout à coup sans contentieux.” Bilie-By-Nze a rappelé que l’article 202, à l’alinéa 6 du Code électoral, exige que la liste des candidats soit publiée “30 jours au moins avant le scrutin,” et a conclu : “l’État, le ministère viole sa propre loi de manière manifeste.”
Le président de l’EPG a également pointé du doigt l’opacité entourant la liste électorale. “Qui peut dire aujourd’hui combien y a-t-il d’électeurs ?… personne ne sait combien il y a d’électeurs,” s’est-il exclamé. Il a dénoncé le fait que le nombre d’électeurs ne soit pas communiqué, ni de manière globale, ni par circonscription, alors que “pour les candidats, pour être candidat, il faut être électeur.” Il a également souligné que la prorogation des délais d’enrôlement s’est faite “par simple communiqué” et non par arrêté, en violation de l’article 48, à l’alinéa 11 de la loi organique numéro 001/2025 du 19 janvier 2025.
Doutes sur la crédibilité, le financement et le calendrier
Face à ces multiples dysfonctionnements, Alain-Claude Bilie-By-Nze a émis de sérieux doutes sur la crédibilité et la transparence du scrutin. Il a rappelé que “la crédibilité, c’est le respect de loi, mais dès l’instant ou manifestement la loi est violée de façon flagrante : Est-ce qu’il peut y avoir crédibilité ?” Il a aussi soulevé le problème de la validation des bulletins de vote, expliquant que les candidats découvrant leur validation le jour même du lancement de la campagne n’auront pas le temps de valider le “bon à tirer,” créant des risques de “bulletins de vote qui ne voient pas leurs photos” ou “sans bulletin de vote.” Il a également cité les articles 51, 52, 345 et 346 du Code électoral qui concernent les recours, soulignant que là aussi, il y a “violation flagrante du code électoral.”
Le leader d’opposition a également soulevé la question du financement des campagnes électorales. “Ceux qui sont candidats indépendants, ils vont en campagne comment ?” s’est-il demandé. Il a dénoncé un manque de liberté et d’égalité entre les compétiteurs, accusant les partis au pouvoir de bénéficier d’une “pré-campagne avec les moyens de l’État.” Il a rappelé que l’article 94 de la Constitution prévoit que “la loi fixe les règles concernant le système de financement de la vie politique et les campagnes électorales.”
En outre, Bilie-By-Nze a critiqué la date du scrutin, jugée “mal choisie” en raison de la rentrée scolaire. Il a souligné que de nombreux enseignants, soit candidats soit membres des bureaux de vote, pourraient être absents, perturbant le fonctionnement des écoles.
Une démocratie de façade et le Parlement de la Transition
Bilie-By-Nze a mis en garde contre une “démocratie de façade.” “Si les autorités veulent une démocratie de façade, nous ne jouerons pas le jeu avec eux,” a-t-il affirmé. Il a expliqué qu’une telle démarche vise à “empêcher la compétition en faisant en sorte que leurs candidats à eux bénéficient de semaines et de semaines de pré-campagne avec les moyens de l’État, et que les autres candidats aillent en campagne sans même savoir s’ils sont candidats et sans ressources.”
Un autre point de sa critique a été l’absence du président de la République le jour du vote. Il a indiqué que le chef de l’État, et patron de la primature, Brice Clotaire Oligui serait à l’Assemblée générale des Nations Unies le 27 septembre. “Le chef du gouvernement est absent du territoire à ce moment-là,” a-t-il déclaré, y voyant soit un signe de désintérêt, soit l’indication que “c’est déjà joué, c’est déjà plié.”
Finalement, il a interrogé la pertinence de la précipitation à organiser ces élections alors que le Gabon dispose d’un “Parlement de Transition”. Il a souligné qu’il n’y a “aucune urgence à tenir cette élection maintenant” puisque, de toute façon, le nouveau Parlement ne pourra pas entrer en fonction en octobre, la Constitution fixant les délais.
Le président de l’EPG a insisté sur le fait que “les dates des élections, ce ne sont pas des totèmes” et que “il n’est pas trop tard pour bien faire.” Il a conclu en affirmant que son parti “doute de la crédibilité de ce scrutin qui arrive, puisque en amont, déjà la loi est violée.” Il a réitéré son appel au gouvernement, “même si la campagne est lancée, à revoir la copie.”