L’affaire prend sa source dans une plainte de Félix Bongo visant un groupe mené par le ministre François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono Ondo, accusés d’avoir investi illégalement le siège du parti Réagir. Selon des sources judiciaires, l’enquête a conduit à l’inculpation des trois collaborateurs du ministre. Le 25 juin, le tribunal de grande instance de Libreville a prononcé une sanction pénale à leur encontre. Bien que renvoyés devant le tribunal correctionnel pour le 1er juillet, ils bénéficient d’une liberté provisoire.
Le parti Réagir (Réappropriation du Gabon, de son Indépendance, pour sa Reconstruction) traverse une période de turbulences depuis janvier 2024, marquée par des tensions internes et des difficultés financières. Les loyers impayés de son siège au Bas de Gué-Gué ont entraîné la résiliation du bail par le propriétaire.
C’est dans ce contexte que Félix Bongo, vice-président du parti et chef d’entreprise, serait intervenu pour apurer les dettes et signer un nouveau bail à son nom, mettant à disposition une partie des locaux pour le fonctionnement du parti. Cependant, les conflits de gouvernance se sont accentués : François Ndong Obiang, président statutaire, et son intérimaire, Persis Lionel Essono Ondo, ont été exclus par d’autres cadres du parti.
Leur contestation en justice a été renvoyée à l’arbitrage des instances internes du parti. Le 27 octobre 2024, accompagnés de partisans, Ndong Obiang et Essono Ondo ont tenté de reprendre le contrôle physique du siège. Des vidéos les montrant en train de forcer le portail ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Quelques semaines plus tard, ils ont réussi à pénétrer les locaux « par la force », changeant les serrures et s’y installant durablement. Alerté, Félix Bongo a saisi la Police judiciaire, et après plusieurs mois d’enquête, la justice lui a donné raison.
Sollicité par Gabonreview, Bruno Ondo Mintsa, récemment nommé conseiller du ministre Ndong Obiang, est resté injoignable. Idem pour Denard Ovono, alias Wayne, qui a refusé de faire toute déclaration sans l’accord de son avocat.
De son côté, Félix Bongo se dit serein et sans rancune. « Pour moi, il s’agit avant tout d’un principe fondamental. Je souhaite récupérer des locaux pour lesquels je paie un loyer, et je refuse catégoriquement de me laisser dépouiller par des occupants illégaux qui, en plus, se permettent de défier ouvertement devant tout le monde », a-t-il affirmé. Il a ajouté : « Je demande simplement que mes droits soient pleinement respectés. Il n’y a aucune considération personnelle dans cette affaire. » Félix Bongo a même révélé que devant le procureur, Bruno Ondo Mintsa l’avait désigné comme son « frère » et avait mentionné qu’il avait financé son billet de retour au Gabon en 2022. « Je dois avouer que cela m’a quelque peu embarrassé qu’il rende cela public. Quoi qu’il en soit, la justice doit impérativement faire son travail », a-t-il confié à nos confrères.