Cette vague de départs s’inscrit dans un contexte de profondes dissensions intestines qui minent le PDG, exacerbées par le coup d’Etat du 30 août 2023. Deux courants antagonistes se disputent âprement la direction du parti : d’une part, la faction emmenée par Blaise Louembé, qui avait apporté son soutien à la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema lors du scrutin présidentiel d’avril dernier ; d’autre part, le groupe constitué autour d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue et François Nkea, qui se revendiquent avec ostentation de l’héritage politique des présidents Omar et Ali Bongo, et qui n’ont eu de cesse de condamner la rupture constitutionnelle.
Désormais affranchis des liens partisans, ces anciens barons du PDG se trouvent à la croisée des chemins. Vont-ils rallier les rangs du Rassemblement des Bâtisseurs, la plateforme politique initiée par le président Oligui Nguema, actuellement en voie de mutation vers une structure partisane pérenne ? Ou choisiront-ils de rejoindre La Pensée patriotique, l’ancienne Ossimane, une formation solidement implantée dans le Woleu-Ntem et au sein de laquelle milite Aurélien Marcel Mintsa Nguema, le frère cadet du chef de l’État, dont l’influence dans cette région septentrionale n’est plus à démontrer ?
Les propos tenus par le Professeur Daniel Ona Ondo lors de leur réunion semblent lever le voile sur leur orientation future. « Nous avons voté pour le président de la République. Si nous restons enfermés dans un milieu partisan qui nous donne des instructions, comment pourrions-nous l’accompagner ? », a-t-il interrogé, soulignant l’impérative nécessité de s’affranchir des carcans partisans pour accompagner l’action d’Oligui Nguema.
Avec une insistance particulière, il a mis en exergue les thèmes de l’unité et du rassemblement, pierres angulaires du discours présidentiel : « Depuis que nous parlons de rassemblement, tous les fils et filles du Woleu-Ntem sont désormais ensemble. Il faut continuer dans cet élan. Mais pour continuer dans cet élan, on doit se dégager du parti politique ».
Concluant son propos avec une clarté affirmée, il a déclaré : « Nous ne sommes pas contre quelqu’un, mais pour quelqu’un : pour appuyer la politique du chef de l’État, pour qu’il réussisse son mandat ».
Si cette défection d’ampleur au sein du PDG est susceptible de remodeler significativement la configuration de l’échiquier politique gabonais, en engendrant de nouvelles alliances et en consolidant potentiellement l’assise du pouvoir en place, c’est indéniablement dans le Woleu-Ntem que les enjeux revêtiront une acuité particulière. Ces anciens poids lourds du PDG, désormais ralliés au Rassemblement des Bâtisseurs, parviendront-ils à conserver leur prééminence lors des prochaines consultations électorales – qu’il s’agisse des législatives, des locales ou des sénatoriales – face à l’ascension de nouvelles figures au sein de La Pensée patriotique ? La réponse à cette interrogation façonnera sans aucun doute le paysage politique de cette région stratégique, où Oligui Nguema a enregistré 98,54 des voix à la présidentielle.