Hier, le Mozambique s’est imposé comme le miroir de la déchéance de la politique sportive local. Selon Molina, cette équipe est « l’une de celles qui a le plus progressé en Afrique ces dernières années », récoltant aujourd’hui les fruits d’un travail de fond sur son championnat et ses clubs. Face à des Panthères en perte de repères, Les Mambas ont affiché une supériorité technique et offensive indéniable. « Offensivement, il n’y avait pas photo ; techniquement, il n’y avait pas photo », martèle le consultant, précisant que les adversaires « auraient même pu en mettre plus face au Gabon ». Cette victoire n’est pas un accident mais la suite logique d’une vision à long terme qui fait cruellement défaut du côté de Libreville, où l’on semble avoir privilégié l’immobilisme.
L’heure n’est pourtant pas à l’acharnement contre les joueurs cadres. Molina prend la défense de piliers comme Bruno Ecuele Manga ou Pierre-Emerick Aubameyang, estimant qu’ils sont les victimes collatérales d’un désert structurel. « C’est pas de la faute d’Ecuele Manga s’il n’y a pas de relève, c’est pas de la faute d’Aubameyang, de Poko ou de Didier Ndong », insiste-t-il. Le Gabon aligne sans doute l’équipe la plus vieille d’Afrique car la relève a été sacrifiée sur l’autel de l’incurie administrative. Sans championnat local fort, la sélection a été contrainte de « tirer, tirer sur les anciens jusqu’à la dernière goutte de kérosène », espérant un miracle permanent qui a fini par s’évaporer car « à un moment donné, tu as des limites ».
Le réquisitoire se fait plus cinglant encore à l’égard de la Fédération Gabonaise de Football. Molina pointe du doigt une institution qu’il connaît bien et l’accuse de se perdre dans des luttes intestines : « Pendant que tout le peuple vibrait, les gens de la fédération se faisaient la guerre pour savoir qui va être là pour des primes ». Cette ambiance délétère, marquée par une préparation « cataclysmique » et une logistique où « tout est fait à l’arrache », explique l’absence de résultats. Même la nomination du sélectionneur Thierry Mouyouma est remise en question, l’analyste affirmant qu’il « n’a pas été choisi pour des raisons sportives, mais pour des raisons politiques », dans un système où l’on privilégie « les petits copains ».
Pour Romain Molina, le salut ne viendra pas d’un exploit individuel mais d’un grand nettoyage au sommet. Tant que l’argent de l’État sera gaspillé et que le développement local sera ignoré par une fédération qui « se fiche du football local et ne s’intéresse qu’à ses petits intérêts », le football gabonais restera dans l’impasse. « À un moment donné, tu te casses la gueule et c’est ça le plus triste », conclut-il, appelant le pouvoir public à faire le ménage pour redonner une dignité sportive à une nation qui a trop longtemps masqué ses défaillances derrière son talent brut.










