Lundi 14 juillet, elle devra se présenter au parquet de Libreville. Le parquet la soupçonne d’être l’auteure de plusieurs vidéos enregistrées clandestinement, dont celle devenue virale sur les réseaux sociaux. Cette vidéo montre l’instruction de Sylvia et Noureddin, entendus par un magistrat pour présomption de faux et usage de faux, détournement de fonds publics, complicité de détournement, corruption active, blanchiment de capitaux, concussion et association de malfaiteurs. Sauf que dans cette vidéo, on entend le juge d’instruction avouer à demi-mot à Noureddin, Sylvia et Me Eyue, subir des pressions pour accabler à tout prix l’ancienne première dame et son fils.
Pour les proches de l’avocate, la présomption d’innocence semble mise à mal dans cette affaire. Me Eyue fait l’objet d’« accusations » malgré les démentis de Noureddin, qui a affirmé être l’auteur des vidéos filmées à partir d’une « caméra intégrée à ses lunettes », affirme un de ses proches. Si le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon, Maître Raymond Obame Sima, a exprimé son indignation face aux irrégularités procédurales et aux violations de l’inviolabilité des cabinets d’avocats, il a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête déontologique interne visant clairement Me Eyue.
De défenseure du pouvoir à figure en disgrâce ?
Me Gisèle Eyue Bekale, avocate de l’ancienne famille présidentielle, mais aussi de Hervé Patrick Opianga et de l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, a jadis défendu le pouvoir envers et contre tout. Elle s’était même fait une spécialité des procès contre les médias critiques envers le régime d’Ali Bongo. On se souvient notamment de la condamnation du directeur de publication du journal L’Aube en 2015, où le ministère public avait requis trois ans d’emprisonnement. Aujourd’hui, l’avocate est tombée en disgrâce aux yeux du nouveau régime.
Alors celle qui s’était fait connaître à ses débuts comme l’avocate des gens ordinaires et des opprimés du régime d’Omar Bongo, risque-t-elle simplement une suspension de quelques mois ? Elle en a déjà connu une en 2022, suite à un différend avec le Conseil de l’Ordre des avocats, avant d’être réhabilitée dans ses droits.
Le destin semble s’inverser pour Me Eyue Bekale. Elle qui a défendu Bilie-By-Nze en 2008, alors qu’il était incarcéré pour émission de chèques en bois, et Hervé Opiangah (accusé de fomenter un coup d’État via sa société Vigile Services sous le régime d’Omar Bongo), pourrait se retrouver à la place de ses clients : à la barre, face au ministère public.