Le ton est donné d’entrée de jeu : « Halte à l’improvisation permanente ! ». L’ancien Premier ministre, arrivé second à la présidentielle d’avril dernier, a choisi les réseaux sociaux pour porter une estocade médiatique contre la gouvernance actuelle. Selon lui, le Gabon s’enfonce dans une série de « dissonances » qui menacent la crédibilité du pays auprès des citoyens et des partenaires internationaux.
Un imbroglio budgétaire et financier
Le premier grief de l’opposant concerne le budget 2026. Bilie-By-Nze pointe une réduction « mystérieuse » de près de 875 milliards de FCFA lors de l’examen parlementaire, sans explication officielle. À cela s’ajouteraient des prévisions fantaisistes sur la Taxe forfaitaire d’habitation, dont les estimations oscilleraient entre 2,8 et 22,6 milliards selon les interlocuteurs.
Mais c’est sur le terrain de la dette que l’attaque est la plus frontale. Alors que le gouvernement se félicite de remboursements massifs, l’ancien Premier ministre sort sa calculatrice : l’encours de la dette aurait bondi de 20 % en moins d’un an, atteignant 8 600 milliards de FCFA en octobre 2025. « Le gouvernement s’endette en moyenne de 147 milliards de FCFA par mois », martèle-t-il, dénonçant un décalage flagrant entre les discours rassurants et la réalité macroéconomique scrutée par les agences Moody’s et Fitch.
Les grands projets dans le viseur : l’exemple Belinga
Le projet minier de Belinga, fleuron de la stratégie de développement nationale, est lui aussi passé au crible. Bilie-By-Nze fustige l’absence de planification stratégique en soulignant que le chemin de fer et le port minéralier changeraient de site au gré des annonces. De même, il qualifie de « fantaisistes » les promesses d’emplois, notant des contradictions majeures qui passent de 63 000 à 20 000 postes selon les sources, ce qui décrédibiliserait la parole de l’État. Enfin, il juge « irréaliste » l’annonce de 1 950 km de routes construites en moins de deux ans, rappelant que seulement 20 % du réseau national est bitumé.
Une « zone grise » institutionnelle
Au-delà de l’économie, c’est la structure même de l’État qui inquiéterait l’ancien chef du gouvernement. Il dénonce un « mélange des rôles » au Parlement, où se chevauchent chambres nommées et élues, ainsi qu’une opacité des débats lors de séances à huis clos. L’exécutif n’est pas épargné, Bilie-By-Nze pointant du doigt un système d’intérim gouvernemental sans base constitutionnelle et des conflits d’intérêts flagrants pour certains ministres cumulant fonctions publiques et privées.
« Droit dans le mur »
Pour le président d’Ensemble pour le Gabon, cette somme de dysfonctionnements n’est pas un simple désordre administratif, mais le signe d’un affaiblissement de l’autorité de l’État. En conclusion, il appelle à un sursaut de gouvernance pour éviter que le pays ne continue son « pilotage à vue ». « Le Gabon mérite mieux que cette improvisation qui nous conduit droit dans le mur », conclut-il, se posant plus que jamais comme la voix critique principale face au pouvoir en place.










