Le RdB, désormais le nouveau parti présidentiel, succédera au Parti Démocratique Gabonais (PDG). Ce dernier a régné sans partage pendant près de 50 ans, d’abord en parti unique, puis, avec le retour du multipartisme en 1990, jusqu’au coup d’État du 30 août 2023 et la chute du régime d’Ali Bongo. Le PDG a fait et défait des carrières dans tous les pans de la société gabonaise : politique, administratif, affaires, associatif, ONG, culturel et même artistique. Le RdB va maintenant officiellement lui succéder.
En voyant le RdB succéder au PDG, pouvons-nous croire naïvement que le nouveau parti au pouvoir n’héritera pas des tares de l’ancien ? Pouvons-nous croire candidement que le RdB deviendra un laboratoire de l’État de droit, de la démocratie, d’une économie forte, de la créativité, du génie gabonais et du vivre-ensemble ?
Le RdB, à l’instar du PDG, va-t-il se présenter comme une formation démocrate dans la forme, mais se comporter comme un parti monolithique dans le fond ? Va-t-il se muer en véritable machine électorale à tricher les élections, quitte à mettre en place un Parlement de godillots et à asservir l’État en mettant à plat ventre l’administration à ses seuls intérêts ?
Le RdB acceptera-t-il la contradiction et le débat en son sein, à l’inverse du PDG qui excommuniait toute voix dissidente, même quand celle-ci était dans l’intérêt du parti ? Le RdB, à l’exemple de l’ancien parti au pouvoir, le PDG, va-t-il devenir un ascenseur social pour des bras-cassés ou des écoliers hissés au sommet de l’État au seul mérite d’être encarté au parti ?
Le RdB va-t-il se transformer, comme son prédécesseur, en un grand parti de masse, composé en majorité de tondus, de zélés, de fieffés, et de casseurs d’opposants, de journalistes, d’acteurs de la société civile et d’activistes ?
Comme à l’époque du PDG, faudra-t-il encore montrer patte blanche au RdB, porter des vêtements ou des accessoires estampillés du logo du nouveau parti présidentiel pour obtenir une promotion dans l’administration ou remporter un marché public ?
Le RdB fera-t-il comme à l’époque du PDG, mettant au ban de la société, les fonctionnaires, les hommes d’affaires, les journalistes, les avocats, les acteurs de la société civile et les activistes jugés proches de l’opposition ?
La question demeure : le RdB, le parti présidentiel de Brice Clotaire Oligui Nguema marquera-t-il une véritable rupture avec les pratiques du passé, ou ne sera-t-il qu’un simple changement d’appellation, une opération cosmétique, pour un système bien enraciné ? L’avenir du Gabon dépendra grandement des réponses que ce nouveau parti apportera à ces interrogations cruciales.