L’argument de la “tromperie du Président” n’est pas nouveau. C’est une mélodie bien connue, fredonnée depuis des décennies dans le paysage politique gabonais, traversant les régimes et les époques. Mais à l’heure actuelle, cette pirouette sémantique est particulièrement déroutante. Un chef d’État, surtout celui d’un pays comme le Gabon, n’est-il pas entouré de multiples sources d’information ? Gouvernement, administration, services de renseignement, conseillers… Le Président dispose d’un arsenal complet pour recouper chaque donnée avant de prendre une décision. Suggérer qu’il puisse être “trompé” de la sorte revient à dire qu’il ne suit pas les dossiers, qu’il est déconnecté des réalités, ou pire, qu’il est incapable de choisir ses propres équipes. Ce n’est pas rendre service au Président Oligui Nguema.
La nouvelle Constitution, en désignant le Président comme Chef du Gouvernement, a justement clarifié les responsabilités. Fini le jeu de chaises musicales où l’on pouvait imputer les échecs au Premier ministre ! Désormais, c’est bien le Président qui endosse la pleine et entière responsabilité des actions de son gouvernement. Cette disposition constitutionnelle est là pour éviter ces arguties millénaires qui consistent à dédouaner le sommet de l’État de ses propres décisions.
Voir certains membres de la société civile, autrefois poil à gratter du régime précédent, se transformer en défenseurs zélés du pouvoir actuel sur ce dossier brûlant des déguerpissements de Plaine-Oréty est également surprenant. Accuser un ancien Premier ministre d’être le seul responsable de cette gestion chaotique, alors que des familles entières sont plongées dans le désarroi, sonne comme une tentative désespérée de défendre l’indéfendable. Où est passée leur ferveur à défendre les populations dans la détresse ?
Un Président qui se “fait tromper” à tout bout de champ, selon ce raisonnement, ne mériterait-il pas alors de diriger le Gabon ? Cette rhétorique est rabaissante pour la fonction présidentielle. Elle sous-entend une faiblesse, une naïveté, qui sont incompatibles avec les exigences d’un chef d’État. Ce n’est pas sérieux de la part de ceux qui avancent de tels arguments. Encore une fois, ce n’est pas rendre service au Président Oligui Nguema.
Le temps des accusations faciles et de la décharge de responsabilité doit cesser. On a longtemps accusé l’ancien régime de tous les maux. Aujourd’hui, face à des situations concrètes et parfois douloureuses comme celle de Plaine-Oréty, il est temps d’assumer. Quand tout va bien, on vante un leadership fort et visionnaire. Quand les choses se compliquent, on invoque la “tromperie” et les “hommes de l’ombre”. Ce double langage est transparent et envoie un message contradictoire au peuple.
Sept ans, c’est à la fois long pour construire, et court pour tergiverser. Au lieu de chercher des boucs émissaires, l’heure est à la transparence, à la responsabilité et à l’action concrète pour résoudre les problèmes des Gabonais. Le Président a choisi ses collaborateurs ; il leur fait confiance. Il est donc temps d’assumer collectivement et de travailler à des solutions durables, loin des artifices d’une “tromperie” commode.