L’annonce, faite dans une note signée par le Professeur Daniel Franck Idiata, également Conseiller Spécial du Présisident de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, justifie cette remise par la gratitude envers les “héros” du 30 août 2023. Si l’intention est louable, son application l’est beaucoup moins. Cette réduction, loin de bénéficier à tous les Gabonais, semble exclusivement réservée à une élite déjà bien placée.
Une fracture sociale assumée ?
Alors que des milliers de jeunes Gabonais, sans “bras longs” ni relations, abandonnent leurs rêves d’études supérieures faute de moyens, l’EM Gabon-Université semble conforter la position de ceux qui ont déjà un accès privilégié à des écoles huppées et des postes sécurisés. Le message est clair : la “restauration” du pays commence par ceux qui ont déjà les moyens d’étudier dans des établissements privés coûteux.
Le silence est assourdissant pour les autres catégories sociales : les enfants d’enseignants, d’infirmiers, de mères célibataires ou de jeunes bacheliers sans soutien. Pour eux, aucun coup de pouce n’est prévu, comme s’ils ne faisaient pas partie de ce Gabon “restauré”. Leur combat quotidien pour accéder à l’éducation supérieure ne mérite apparemment aucune reconnaissance, et ils sont laissés à eux-mêmes.
Un renvoi d’ascenseur politique ?
Cette mesure soulève des questions sur les motivations réelles de l’université. Faut-il y voir un simple geste de gratitude ou un renvoi d’ascenseur du Professeur Idiata envers ceux qui ont consolidé sa position au sein de l’appareil d’État ? Plutôt que d’être un moteur d’ascenseur social, l’établissement privé semble devenir le reflet des liens entre l’élite académique et le pouvoir.
L’université, censée être le temple de l’égalité des chances, se transforme ainsi en un instrument de consolidation des privilèges. À ce rythme, la méritocratie risque de devenir un concept de plus en plus étranger au Gabon, tandis que les réductions et les passe-droits se distribuent selon le rang social et les connexions politiques.