Selon l’Indice des risques de la pêche INN, la Chine est le pays le plus répressif au monde dans ce domaine. Une situation alarmante qui se reflète dans les chiffres : huit des dix premières entreprises impliquées dans la pêche illégale à l’échelle mondiale sont chinoises. Le pays asiatique utilise notamment sa vaste flotte de chalutiers industriels pour exploiter les ressources des eaux africaines.
Une méthode de pêche dévastatrice et un coût financier exorbitant
L’un des principaux problèmes réside dans le chalutage de fond, une méthode employée par les navires chinois qui consiste à traîner de gigantesques filets sur le plancher océanique. Cette technique, en plus de capturer sans discernement toutes les espèces marines, détruit les écosystèmes essentiels à la survie de la vie aquatique et décime les populations de jeunes poissons, menaçant ainsi l’avenir des stocks.
L’Environmental Justice Foundation estime que les chalutiers chinois capturent environ 2,35 millions de tonnes de poissons par an dans les eaux africaines, ce qui représente 50 % de leurs prises totales en eaux lointaines et une valeur estimée à près de 5 milliards de dollars. Ce pillage a un coût exorbitant pour le continent. Un rapport du Stimson Center datant de septembre 2023 révèle que les activités de pêche illégale de navires étrangers coûtent à l’Afrique jusqu’à 10 milliards de dollars par an. Par ailleurs, 40 % des chalutiers illégaux du monde opèrent dans cette région.
Une flotte de pêche aux allures de milice maritime
L’implication de la Chine va au-delà de la simple pêche illégale. Des chercheurs du Carnegie Endowment for International Peace ont mis en évidence la pratique de Pékin consistant à utiliser sa flotte de pêche comme une milice maritime. Ces navires, qui opèrent sous commandement militaire et sont formés par la marine chinoise, sont équipés de technologies de surveillance sophistiquées (lasers, caméras sous-marines) et de matériel de qualité militaire. Leur mission : recueillir des données pour soutenir les opérations militaires sous-marines chinoises.
Le Gabon se dote de nouveaux outils pour lutter contre le fléau
Face à ce défi majeur, le Gabon prend des mesures concrètes. Le pays a récemment signé un protocole d’accord avec Global Fishing Watch, une organisation à but non lucratif. Ce partenariat vise à renforcer la capacité du pays à surveiller, contrôler et superviser ses eaux, en s’appuyant sur la technologie satellitaire et l’analyse de données.
Cet accord, signé le 25 juin, ainsi qu’un autre avec Trygg Mat Tracking (partenaire de Global Fishing Watch), permettra au Gabon de mieux lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, en particulier dans sa zone économique exclusive où les intrusions de navires étrangers sont un problème récurrent depuis des décennies.