Un État de droit “déplacé au gré des intérêts”
Dans une publication virulente, Alain-Claude Bilie-By-Nze a qualifié le communiqué ministériel de “juridiquement infondé” et de “grave précédent institutionnel”. Il a assené que “l’État de droit ne saurait être un décor qu’on déplace au gré des intérêts du moment.” Poursuivant sa critique, il a contesté la compétence du ministère à statuer sur l’éligibilité des citoyens, rappelant avec force qu’“aucune autorité administrative ne peut se substituer ni à la Cour des comptes ni à la Cour constitutionnelle.” Selon lui, tant qu’aucune décision de justice définitive n’a été rendue par les juridictions compétentes, nul ne peut être présumé inéligible, conformément à l’article 369 du Code électoral.
Une “précipitation” et une “ruse administrative” dénoncées
L’ancien chef du gouvernement s’est ensuite interrogé sur les motivations derrière cette action ministérielle : “Pourquoi donc cette précipitation ? Pourquoi devancer les juges ?” Il a laissé entendre que le “verdict” pourrait être “déjà rédigé ailleurs, dans l’ombre, loin du droit et de la transparence.” Pour Bilie-By-Nze, cette démarche est “inacceptable” et trahit une “volonté politique : disqualifier non par les urnes, mais par la ruse administrative.” Il y voit un “danger majeur pour notre démocratie”, affirmant que ce n’est pas la loi qui est appliquée, mais plutôt “le pouvoir qu’on étire jusqu’à l’abus.”
Le Gabon “mérite mieux qu’un simulacre de démocratie”
Désormais profondément attaché aux institutions, depuis la chute du régime d’Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze a dénoncé leur instrumentalisation à des fins partisanes. “Lorsqu’elles sont contournées, lorsqu’elles deviennent instrumentalisées pour servir des calculs partisans, alors il faut le dire, hautement et fermement : ce n’est pas cela, la République”, a-t-il déclaré. Il a conclu son propos en insistant : “Le Gabon mérite mieux qu’un simulacre de démocratie. Il mérite des institutions crédibles, impartiales, respectueuses de la légalité et du suffrage universel. Il mérite un avenir que l’on construit dans les urnes, non dans les couloirs obscurs du pouvoir.” L’ancien Premier ministre a promis de rester “debout” aux côtés de tous ceux qui croient en une “République juste, équitable et digne.”
Le communiqué ministériel à l’origine de la polémique
La controverse est née du communiqué du Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, publié le 29 juillet 2025. Ce dernier précise que, pour l’ouverture de la période de dépôt des déclarations de candidature aux élections du 27 septembre 2025, les candidats devront fournir un “Quitus de la juridiction financière compétente sur les comptes de campagnes antérieurs du candidat, le cas échéant”, conformément à l’article 77 de la Loi n° 001/2025 portant Code électoral. Le ministère a souligné que ce quitus est un document d’approbation des comptes de campagne délivré par la Cour des Comptes aux anciens candidats à la présidentielle du 12 avril 2025, et qu’il atteste de leur éligibilité. Il a toutefois précisé que ce document n’est pas requis pour les personnes n’ayant pas été soumises à l’exigence de fournir un compte de campagne lors de l’élection précédente.
En conclusion, face au refus de présenter son compte de campagne de la présidentielle du 12 avril, le dernier Premier ministre d’Ali Bongo, Bilie-By-Nze, pourrait être disqualifier des élections législatives, départementales et locales de septembre prochain.