Un climat de peur et des preuves évaporées
L’enquête, déclenchée par le signalement d’une fonctionnaire, révèle un tableau accablant. Abdou Abarry est accusé d’avoir “sollicité et obtenu à plusieurs reprises des faveurs sexuelles monnayées avec des jeunes filles à Libreville”. Plus grave encore, le journal évoque la possibilité que des mineures figurent parmi les victimes.
Mais les faits ne s’arrêtent pas là. Selon Africa Intelligence, l’enquête interne a été entravée de manière flagrante. Des données de vidéosurveillance et des pages de registres de visiteurs ont été effacées, voire détruites. Un « climat de peur » s’est installé, et des témoins ont reçu des appels menaçants pour les dissuader de coopérer.
La « tolérance zéro » à l’épreuve de la réalité
Malgré ces accusations d’une gravité rare, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a reconduit Abdou Abarry dans ses fonctions pour six mois. Une décision qui choque et interroge. Comment une organisation qui combat l’impunité et se veut un modèle d’éthique peut-elle maintenir un de ses plus hauts dignitaires à son poste alors qu’il est au centre d’une telle enquête ?
Cette affaire n’est pas un cas isolé. Entre 2017 et 2024, plus de 3 129 enquêtes pour exploitation ou abus sexuels ont été ouvertes au sein du système onusien. Mais l’affaire Abdou Abarry pourrait être le test le plus important à ce jour. Elle met en lumière l’écart entre le discours de l’ONU et les actions concrètes prises en cas d’abus.
L’organisation saura-t-elle se montrer à la hauteur de ses propres valeurs, ou l’impunité continuera-t-elle de régner dans les hautes sphères ?