Un Eldorado vert qui n’a jamais vu le jour
En 2008, sous l’appellation de Sustainable Forestry Management (SFM), la société ACDG a obtenu un bail emphytéotique de long terme pour un projet qui se voulait exemplaire. Les promesses étaient aussi nombreuses qu’ambitieuses : développement d’un tourisme durable, protection de la biodiversité, création d’emplois locaux, investissements massifs et valorisation des crédits carbone. L’idée était de créer un modèle de gestion forestière qui allierait conservation et développement économique.
Mais la réalité est tout autre. Quinze ans plus tard, le bilan est sombre. “Aucun projet concret n’a vu le jour”, dénonce Nicaise Moulombi. Les terres sont restées en friche, les populations locales ont été spoliées de leurs droits coutumiers et aucune plus-value sérieuse n’a été générée pour le Gabon. Le projet, jadis encensé, est un mirage. Pire encore, les terres ont servi de simple levier de spéculation pour des groupes d’intérêts étrangers.
Un territoire hypothéqué, des communautés oubliées
Le communiqué de Croissance Saine Environnement met en lumière de graves manquements. L’accord avec ACDG s’est déroulé dans une opacité totale, notamment sur la gestion des revenus issus des crédits carbone. Les communautés locales ont été purement et simplement écartées, leurs droits traditionnels ignorés. Cette concession a surtout servi à permettre une ingérence de capitaux étrangers dans la gestion des ressources naturelles gabonaises, au détriment de la souveraineté nationale.
“Les concessions accordées à ACDG ont été marquées par une opacité totale… l’éviction des communautés locales et la non-reconnaissance des droits coutumiers,” insiste le communiqué.
Pour un avenir souverain et durable
Face à ce fiasco, l’appel de Croissance Saine Environnement est clair et urgent : le Gabon doit résilier le bail emphytéotique avec ACDG et récupérer ses terres. L’ONG propose que ces vastes territoires soient réaffectés à des projets nationaux qui bénéficieraient directement aux Gabonais, comme la foresterie communautaire, l’éco-tourisme ou la gestion des bassins versants.
Il est temps, selon Nicaise Moulombi, que les précieuses ressources naturelles du Gabon profitent à son propre peuple et non à des “groupes opportunistes”.
L’affaire ACDG est un rappel brutal : la gestion des forêts gabonaises doit être équitable, souveraine et durable. Un nouveau chapitre pour la gouvernance environnementale du Gabon doit s’ouvrir, pour la souveraineté de ses terres et le bien-être de ses citoyens.