Un projet minier sur les rails… et un accord en sous-main
Après des années de travail, des études de faisabilité coûteuses et un milliard de dollars mobilisé, la société sud-africaine Havilah Mining Gabon pensait être sur le point de concrétiser son projet. Un démarrage de l’exploitation était prévu pour 2026, avec à la clé des milliers d’emplois et des milliards de francs CFA de revenus pour l’État. Tout était en place : les autorisations, la route d’accès, la base de vie et les financements.
Mais au lieu du lancement industriel tant attendu, c’est un parfum de trahison qui plane sur Milingui. En secret, le ministère des Mines a signé un accord de confidentialité avec A2MP Investment DMCC, une société basée à Dubaï. Cette entité, liée à l’influent Gagan Gupta, a ainsi eu accès à des informations sensibles sur le projet, alors que le permis d’exploitation appartient légalement à Havilah.
Le retour de Gagan Gupta
Ancien patron d’Olam Gabon et figure incontournable des affaires du pays, Gagan Gupta est de retour sur le devant de la scène minière. Sa société, A2MP, qui n’a officiellement aucun investissement au Gabon, est suspectée d’opérer pour capter des permis stratégiques à travers le continent africain. Milingui pourrait bien être sa prochaine prise.
Cette manœuvre s’inscrit dans un schéma qui se répète. Des situations similaires sont soupçonnées à Etéké, Maboumine ou Bakoudou : affaiblir les opérateurs en place pour les remplacer par des « amis » du pouvoir. Ce type de pratiques risque de ternir gravement la réputation du Gabon sur la scène internationale.
Une confiance à reconstruire
La question se pose : quel investisseur voudra encore miser sur un pays où les règles du jeu changent du jour au lendemain ? La crédibilité d’un État qui signe des accords secrets en dépit des engagements légaux est en jeu.
Ce qui devait être une vitrine de la confiance pour le Gabon devient un symbole de méfiance. À force de privilégier les deals de couloir, le pays risque de ne plus être perçu comme un eldorado minier, mais comme un « État voyou » des ressources naturelles. L’affaire Milingui est loin d’être terminée, et l’avenir de ce projet, comme celui des investissements étrangers au Gabon, est désormais en suspens.