Le dépôt du mémoire à Banjul a été marqué par le versement solennel de « l’ensemble des éléments factuels (documents et preuves) attestant des atteintes graves à la dignité et à la réputation » de leur client. Les avocats dénoncent des agissements qui auraient eu « des conséquences professionnelles, personnelles et financières sans précédent » sur Hervé Patrick Opiangah, des faits qu’ils jugent incompatibles avec les principes d’un État de droit. Le dossier se distingue par son exhaustivité : il comprend plus de soixante-dix pièces à conviction, dont plus d’une vingtaine de constats d’huissier. Cette documentation, d’une quantité et d’une précision rares dans les litiges étatiques devant la CADHP, vise à établir formellement les manquements reprochés au régime de Libreville.
La déclaration de recevabilité de l’affaire par la CADHP est l’élément le plus important de ce développement. Cette décision ne confirme pas la culpabilité, mais elle atteste que les procédures ont été scrupuleusement respectées et que les griefs soulevés possèdent une crédibilité suffisante pour justifier un examen au fond. Comme l’a affirmé le Cabinet, cette étape est « cruciale » et confirme que les institutions régionales entendent désormais jouer pleinement leur rôle de gardiennes des libertés fondamentales. Elle signale clairement qu’aucun État africain n’est à l’abri de devoir rendre des comptes lorsqu’il est accusé de porter atteinte aux droits de ses citoyens.
L’ouverture de la phase d’examen approfondi confère une dimension nouvelle à cette affaire. La mise en cause de l’État gabonais devant une instance continentale spécialisée risque d’avoir un impact durable sur son image institutionnelle, tant en Afrique qu’à l’international. Cela pourrait fragiliser la crédibilité du régime dans les enceintes diplomatiques, notamment auprès des partenaires bilatéraux impliqués dans la coopération judiciaire et économique. L’État gabonais doit désormais se prononcer dans les délais légaux requis, faisant face à un moment de vérité institutionnelle.
Le Cabinet Bensimhon & Associés, fort de son engagement constant devant les juridictions continentales, a exprimé sa confiance en la Commission africaine pour « statuer en toute impartialité » et garantir le respect du droit, réaffirmant son « attachement indéfectible aux principes de justice et de respect des droits fondamentaux ». Au-delà de l’individu, ce dossier est perçu comme une étape charnière qui pourrait influencer la manière dont le Gabon est perçu en matière de droits humains pour les années à venir.










