Loi sur les partis : une atteinte à la liberté d’association ?
Au cœur des préoccupations soulevées par l’ancien ministre figure le projet de loi sur les partis politiques. Celui-ci conditionne la reconnaissance d’une formation politique à un certain nombre d’exigences, dont le seuil de 18 000 adhérents, une mesure que Onanga Y’Obegue juge potentiellement anticonstitutionnelle et attentatoire aux libertés associatives, et pour qui le rôle de l’État est de réguler le fonctionnement des formations politiques et non d’en déterminer l’existence. ” Si vous voulez parler de 18 000 adhérents, il faudra d’abord changer la définition de l’association, parce que le parti politique est d’abord une association,” a-t-il ironisé, appelant à une mobilisation collective des partis politiques face à cette “tentative inique”. Il ajoute : “Ce que fait le Parti démocratique gabonais ici, c’est de rappeler les principes, parce que les principes doivent être valables pour tout le monde, quelle que soit la situation de celui qui en parle ou qui veut les appliquer.”
La détention d’Ali Bongo qualifiée de “cynisme inacceptable”
La situation d’Ali Bongo Ondimba a également été un point central de l’intervention d’Onanga Y’Obegue. Rejetant les assurances officielles quant à sa liberté, il a dénoncé un “cynisme” inacceptable et réclamé sa libération immédiate. “Ce n’est pas parce qu’on vient vous répéter chaque jour, sourire devant le monde entier, qu’Ali Bongo Ondimba est libre, que vous, citoyen gabonais, aujourd’hui, vous affirmez qu’il est libre, vous savez bien qu’il n’est pas libre,” a-t-il martelé. Selon lui, sa résidence surveillée ne repose sur aucune base légale. L’insistance de la faction fidèle sur le rétablissement de l’état de droit après la fin de la transition électorale signale un changement de stratégie. “Nous demandons donc, à partir d’aujourd’hui, qu’Ali Bongo Ondimba soit libéré, parce que, vous le savez tous, sa mise en liberté en résidence surveillée ne répond à aucun procès. C’est simplement une volonté autoritaire, d’un régime autoritaire, lorsqu’il a été, et j’espère, devenu démocratique, d’appliquer la loi, et laisser Ali Bongo Ondimba libre de ses mouvements, afin qu’il puisse diriger tranquillement son parti politique.”
Démissions au PDG : l’illégitimité de la direction de Louis pointée du doigt
Les récentes démissions au sein du PDG, particulièrement dans le Woleu-Ntem, ont mis en évidence les profondes divisions internes. Onanga Y’Obegue a rappelé le principe fondamental de la liberté individuelle, dénonçant l’attitude de la direction actuelle, qu’il considère comme “illégitime” et cherchant à entraver les départs. “Est-ce que ces démissions sont conformes au texte du parti démocratique gabonais ? Ce qu’il faut savoir, je l’ai rappelé, le principe de la démission. Le principe de la démission, il est le même que celui de l’adhésion. C’est la liberté qui gouverne. Lorsque vous adhérez à un parti, vous le faites librement. Lorsque vous voulez démissionner, vous le faites également librement. La seule condition à respecter, c’est d’exprimer clairement sa volonté de démissionner, et de signifier cette volonté auprès des instances légales du parti,” a-t-il expliqué. Il a souligné que ceux qui s’opposent aux démissions n’ont jamais été élus ou nommés à leurs postes. “Ils se sont placés à la tête du parti de manière autoritaire, de manière non démocratique. Donc, ils n’ont pas le droit à, on va dire, gérer les organes du parti.”
Alliance avec le pouvoir : une incohérence pour Onanga Y’Obegue
Interrogé sur l’alliance entre la direction de Louis et le régime actuel, Onanga Y’Obegue a clairement exprimé son opposition. Rappelant le contexte du coup d’État et le sentiment de “dépossession” du PDG, il a insisté sur la nécessité d’une cohérence politique. “Humainement, est-ce que vous, vous pouvez soutenir celui qui vous a dépossédés, qui vous a chassés pour la même cause ? Est-ce que vous pouvez soutenir celui qui vient vous chasser de votre maison et vous dit désormais, ok, venez en parti ? Voilà, donc vous ne pouvez pas. C’est ça le principe. Il faut d’abord être cohérent,” a-t-il déclaré. Tout en reconnaissant la “cohérence” de ceux qui soutiennent Oligui Nguema, il les a appelés à quitter le PDG, afin de clarifier les positionnements au sein du paysage politique gabonais. “Tous ceux qui, au PDG, veulent soutenir Oligui, doivent faire comme ses camarades, démissionner du PDG et aller se mettre à la disposition du président, Oligui Nguema, pour le soutenir. Comme ça, ne vont rester au PDG que ceux qui acceptent de se mettre dans l’opposition,” et « l’attitude de ceux de Louis, c’est justement la crainte que ceux qui étaient avec eux pour soutenir Oligui finissent par vider les rangs du PDG », a-t-il déclaré.
En définitive, la conférence de presse d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue a mis en lumière une opposition farouche au sein du PDG face à la transition en cours et au régime d’Oligui Nguema. La dénonciation d’une loi sur les partis jugée liberticide, la réitération de l’appel à la libération d’Ali Bongo Ondimba, les divisions intestines et le rejet catégorique d’une alliance avec le pouvoir actuel.