Un potentiel de transformation encore inexploité
Actuellement, COMILOG, filiale du groupe français Eramet et leader du secteur au Gabon, est le seul acteur à avoir mis en place des capacités de transformation. Ses installations à Moanda permettent de traiter 1,2 million de tonnes de minerai par an, soit environ 17 % de sa production totale, avec un potentiel d’atteindre 1,3 million de tonnes (19 %) à pleine capacité.
En revanche, les trois autres producteurs opérant dans le pays – Doumé Mn, Nouvelle Gabon Mining et CITIC Dameng – exportent la totalité de leur minerai brut. Cela représente près de 3 millions de tonnes cumulées prévues pour 2025, selon les données du ministère des Mines. Ces chiffres soulignent l’ampleur du chemin à parcourir pour le Gabon en matière de valorisation locale de son manganèse.
Pourquoi la transformation locale est-elle si rare ?
La transformation du manganèse ne se limite pas à un simple enrichissement. Il s’agit d’un processus métallurgique intensif, gourmand en énergie et en capitaux. La construction d’une usine de transformation représente un investissement de plusieurs centaines de millions d’euros. Le coût de l’énergie est un facteur déterminant, comme l’a illustré l’expérience malheureuse du nickel en Nouvelle-Calédonie, où le manque d’une électricité compétitive a entraîné la fermeture de plusieurs usines.
Le Gabon n’échappe pas à ces contraintes. Les délestages intempestifs, le coût élevé de l’énergie et l’absence d’un cadre fiscal pleinement incitatif sont autant de freins à l’accélération de ce mouvement de transformation.
Une réalité mondiale partagée
Cette situation n’est pas propre au Gabon. En Afrique du Sud et en Australie, les deux autres géants du manganèse, la transformation locale reste également marginale pour des raisons similaires. L’essentiel de leur minerai est exporté brut, principalement vers la Chine, qui est devenue la championne mondiale de la transformation grâce à son énergie à faible coût.
Le Gabon dispose d’un atout majeur avec ses réserves de manganèse, mais la réussite de son pari de transformation dépendra d’une approche méthodique et d’un engagement soutenu sur le long terme. Le pays devra surmonter les défis énergétiques, fiscaux et logistiques pour concrétiser pleinement son ambition industrielle.