Ces actionnaires contestent vivement l’arrivée d’une nouvelle équipe dirigeante au sein du groupe. Cette situation fait suite à la nomination d’Henri-Claude Oyima, jusqu’alors PDG du groupe BGFI, au poste de ministre de l’Économie et des Finances. Pour le groupe d’actionnaires dissidents, cette transition impose une période d’observation avant toute décision majeure telle qu’une introduction en bourse.
Christian Kerangall avait d’ailleurs déjà exprimé ses préoccupations publiquement. Le 22 juillet dernier, dans une interview accordée au quotidien L’Union, il déclarait : « Tout simplement par le fait que plusieurs événements importants internes méritaient une considération prioritaire : départ du PDG historique et changement de gouvernance à la tête du groupe, comme l’exige la COBAC depuis longtemps. » Il estime qu’il est crucial de « donner du temps au temps et stabiliser la nouvelle équipe » après un audit de césure, avant d’envisager une opération d’une telle envergure. Pour Kerangall, un patron n’est « qu’une personne de passage », et la banque, avec ses près de 3 000 collaborateurs, représente un capital humain qui doit être constamment renouvelé et protégé. Il précisait alors : « Il n’y a pas de combat ou de lutte dans ce refus de l’IPO, mais uniquement des questions de principe, de méthode et, surtout d’éthique, voire de loyauté envers le passé. »
Malgré ces réserves exprimées, la direction de BGFI Holding avait initialement décidé de poursuivre le processus d’introduction en bourse, poussant ainsi le groupe de Christian Kerangall à recourir à la justice pour faire valoir ses droits.
Dans un communiqué publié le 28 juillet 2025, BGFI Holding a finalement annoncé la suspension de l’opération. Le Conseil d’Administration, en accord avec la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF), a déclaré vouloir « attendre l’issue prochaine des requêtes formulées par un groupe d’actionnaires devant le Tribunal de Commerce de Libreville, préalablement à la poursuite des formalités légales et réglementaires requises. » Cette décision vise à « garantir la sérénité de l’ensemble des parties prenantes à l’opération d’introduction en bourse ».
Le groupe bancaire prévoyait de mettre en vente 1 573 536 actions, soit 10 % de son capital social, au prix unitaire de 80 000 FCFA. Pilotée par BGFI Bourse, la filiale boursière du groupe, cette opération devait permettre à BGFI Holding de renforcer ses fonds propres à hauteur de 125,8 milliards de FCFA et d’inscrire son titre à la cote de la BVMAC. L’issue des procédures judiciaires est désormais attendue pour déterminer l’avenir de cette opération stratégique pour le groupe bancaire panafricain.