Alors que Libreville bruisse de rumeurs et que le Parquet de la République maintient un silence total plus de 24 heures après l’annonce, l’attention doit se porter sur les raisons qui rendent sa démission du gouvernement indispensable, quelle que soit l’issue de l’enquête.
Si les faits de détournement sont avérés, la responsabilité de Siffon est écrasante. Un tel montant (10 milliards de FCFA) n’aurait pu être soustrait sans la complicité d’une chaîne étendue de responsables. L’enquête doit donc aller au-delà du Ministre et examiner la Direction générale du budget, le Trésor public, et les institutions bancaires impliquées. Or, la présence d’un ministre sous le coup d’une telle accusation est préjudiciable à la crédibilité de l’ensemble de l’appareil gouvernemental.
Indépendamment des accusations de détournement, le simple fait que Pascal Ogowe Siffon ait été nommé ministre du Tourisme pose un problème éthique majeur. En tant que promoteur de l’établissement de loisirs Cap Caravane, ses intérêts privés sont directement liés aux décisions et politiques publiques qu’il est censé prendre pour l’ensemble du secteur. Sa nomination en 2023 constituait déjà un risque de conflit d’intérêts et une faute morale flagrante que le gouvernement aurait dû prévenir. Un ministre doit agir pour l’intérêt général, sans que son portefeuille ministériel n’apporte un avantage direct à ses entreprises personnelles.
Que les accusations soient une vérité judiciaire ou le fruit d’une machination politico-judiciaire (comme le soutiennent ses proches), le maintien de Siffon à son poste est intenable. Un ministre en résidence surveillée et ciblé par de si lourds soupçons ne peut plus exercer ses fonctions avec l’autorité et la légitimité nécessaires. Sa démission s’impose pour permettre la sérénité de l’enquête et la protection de l’institution.
Le gouvernement doit se distancier rapidement d’un scandale potentiel pour préserver sa crédibilité. En conclusion, en attendant de pouvoir prouver son innocence devant les tribunaux, Pascal Ogowe Siffon se doit de démissionner. La décence politique et le respect des principes de bonne gouvernance l’exigent.










