Arrêté en décembre 2019 dans le cadre de l’opération anti-corruption « Scorpion », Brice Laccruche Alihanga voit dans cette arrestation une manœuvre politique orchestrée pour l’écarter. Selon lui, il était perçu comme un obstacle aux ambitions de Nourredine Bongo, le fils du président déchu, qui nourrissait l’espoir de succéder à son père.
L’ancien dignitaire a raconté une visite particulièrement troublante de Ian Ghislain Ngoulou en juin 2023. Selon Laccruche Alihanga, Ngoulou lui aurait dit qu’il portait ses vêtements et vivait dans sa maison. Il lui aurait aussi promis une lourde peine de 25 à 30 ans de prison après les élections d’août 2023.
Un calvaire derrière les barreaux
Le récit de l’ancien dignitaire est un véritable plaidoyer contre les abus de l’ancien régime. Il raconte son incarcération en isolement quasi-total dans une cellule de six mètres carrés. Durant ses quatre années de détention, il aurait perdu 40 kg et a été diagnostiqué d’un cancer du côlon. Il est convaincu que ces mauvais traitements avaient pour but de l’éliminer physiquement pour avoir fait obstacle au projet de succession dynastique.
Sa libération n’est intervenue que grâce au coup d’État militaire d’août 2023, qualifié par beaucoup de « coup de libération », qui a ouvert les portes des prisons à de nombreux prisonniers politiques et personnalités d’opinion.
Ce témoignage poignant de Brice Laccruche Alihanga, aujourd’hui conseiller stratégique de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), met en lumière les défaillances d’un système judiciaire gabonais qui, selon lui, a longtemps été utilisé pour régler des comptes politiques. Ces révélations soulèvent des questions cruciales sur la nécessité de réformer le système judiciaire et de garantir que de tels abus ne se reproduisent plus.