Par Guilou Bitsutsu-Gielessen
La loi de finances 2026 se veut un instrument de modernisation et de rigueur budgétaire, axé sur la digitalisation, les investissements et les priorités sociales. Son succès dépendra de la capacité à mettre en œuvre les réformes dans un contexte de pression financière et de transition politique. Ce budget aligne les “Très Hautes Orientations du Président de la République” pour une transformation économique profonde.
Le budget 2026 s’élève à 7 233,3 milliards de FCFA (environ 13 milliards de dollars), en hausse de 72 % par rapport à 2025 (4 205 milliards de FCFA). Le gouvernement projette une croissance économique de 7,9 % en 2026, largement supérieure aux prévisions de la Banque mondiale (2,4 % en moyenne pour 2025-2027), grâce au dynamisme des secteurs hors pétrole et aux investissements publics.
Les recettes brutes sont estimées à 4 327,2 milliards de FCFA, dont 1 525 milliards issus du pétrole, 1 541,4 milliards d’impôts intérieurs, et 707,3 milliards de droits de douane. Quant aux dépenses, elles se répartissent entre le fonctionnement (3 569 milliards de FCFA) et les investissements (3 321,5 milliards de FCFA), ces derniers représentant près de 46 % du budget total.
Pour la première fois, le Gabon adopte une méthode de “budget base zéro”, qui exige que chaque dépense soit justifiée par son impact économique et social, afin d’aligner les ressources sur les priorités nationales. Une digitalisation complète des recettes publiques sera mise en œuvre pour améliorer la traçabilité, réduire les perceptions hors circuits légaux et lutter contre la corruption. Une réduction progressive de l’usage du numéraire est prévue dès 2026 pour favoriser les transactions électroniques et moderniser l’économie.
Le budget 2026 comprend des réformes structurelles clés, notamment une réforme foncière pour sécuriser les patrimoines via la délivrance de titres fonciers et la révision de la fiscalité foncière. Il renforce également la gouvernance par une transparence budgétaire accrue, un contrôle des dépenses et une meilleure allocation des ressources.
Les priorités sociales et économiques incluent la lutte contre la pauvreté et l’amélioration de l’employabilité des jeunes, un défi important au vu du taux de chômage élevé, autour de 40 %. L’objectif est de soutenir l’investissement public pour stimuler la création de richesse et viser une croissance à deux chiffres à moyen terme.
Ce budget ambitieux est confronté à des défis et des risques. Les besoins de financement, estimés à 3 200 milliards de FCFA, seront couverts par un mix d’endettement local et extérieur. La pression sur la dette publique pourrait dépasser le plafond de 70 % du PIB fixé par la CEMAC, avec un déficit budgétaire projeté à -5,5 % du PIB en 2025. Le succès dépendra également de la capacité de l’administration à gérer ce volume inédit de crédits.