Longtemps considéré comme le cœur du pouvoir économique au Gabon, l’ancien clan présidentiel est revenu brouiller les cartes, révélant la persistance de son influence, même après sa chute en 2023. Le recours en justice qui a mis un coup d’arrêt à l’introduction en bourse de BGFIBank n’est pas le seul fait de l’homme d’affaires franco-gabonais Christian Kerangall, mais également de proches d’Ali Bongo.
Une enquête du média Africa Intelligence révèle que des proches de l’ancien régime, comme Jalil Bongo, fils de l’ex-président Ali Bongo, Christophe Valentin, le frère de l’ex-première dame Sylvia Bongo, ou Abdoul Oceni Ossa, ex-conseiller de Noureddin, en prison, sont derrière cette contestation. En s’associant à cette fronde, le clan Bongo ne cherche pas seulement à défendre ses intérêts financiers. Il s’agit pour eux de préserver ce qui reste de leur influence, de montrer qu’ils sont toujours un acteur incontournable, malgré la chute du régime d’Ali Bongo.
Leur présence dans cette affaire révèle un paradoxe : ceux qui ont longtemps détenu BGFIBank comme un coffre-fort se retrouvent aujourd’hui dans le camp des contestataires, utilisant le droit pour contrarier l’introduction en bourse du groupe.
La résurgence de ce clan place dans une position délicate Henri-Claude Oyima, qui s’accroche à son poste de dirigeant de BGFIBank malgré son entrée au gouvernement en mai dernier. Après avoir passé des décennies à construire le premier groupe bancaire d’Afrique centrale, il se retrouve pris dans une lutte qui transcende la finance. Il est contesté par un groupe d’actionnaires proches de l’ancienne famille présidentielle qui le presse de démissionner de la direction du groupe et qui bloque l’entrée en bourse, tout en étant surveillé par le nouveau régime.
L’opération financière qui devait marquer l’entrée de BGFIBank dans une nouvelle ère a finalement servi de révélateur à une vérité brutale : même déchu, le clan Bongo continue de peser sur le destin du Gabon.