Une rupture économique initiée dès 2010
L’opposant insiste sur la rupture stratégique initiée par l’ancien président Ali Bongo Ondimba. À la différence de son père, Omar Bongo, qui voyait dans le Gabon un carburant essentiel pour la France, Ali Bongo aurait “très largement diversifié les partenariats du Gabon au point d’avoir réduit la France à la portion congrue”.
Cette désorientation a été particulièrement visible dans le secteur forestier. La décision “historique et courageuse” d’interdire l’exportation du bois en grumes au profit de la transformation locale a directement pénalisé les forestiers français. Aujourd’hui, les opérateurs économiques asiatiques—indo-singapouriens, chinois et malaisiens—contrôlent une écrasante majorité, soit 80%, de l’exploitation et de l’industrie forestières, un succès symbolisé par la zone économique spéciale de Nkok.
Le monopole français brisé dans les secteurs clés
Le déclin ne se limite pas à la forêt. Leyama souligne que le monopole du groupe français Eramet dans le secteur minier a été brisé, avec des gisements de manganèse et d’or désormais exploités par des opérateurs indiens, chinois et marocains. Dans le pétrole, la major Total a largement amorcé son désengagement au profit d’acteurs anglo-saxons et asiatiques.
Ce glissement se reflète dans les échanges : la Chine est désormais le premier client du Gabon, absorbant plus de 30% des exportations, tandis que la France ne représente plus qu’une “faible part des débouchés”. Au plan financier, le bailleur bilatéral le plus important du Gabon est la Chine, “peu regardante sur les critères d’endettement,” et non l’Agence Française de développement.
L’enterrement de la “Françafrique”
Sur le plan diplomatique, Leyama estime que la “Françafrique” est désormais “finie, enterrée”. Il cite l’absence de François Hollande au Gabon durant son mandat et l’évolution de la présence militaire française. La base des Éléments français au Gabon a mué en Académie militaire, et la présence militaire, réduite à environ 200 hommes, est jugée “symbolique”.
L’opposant y voit la preuve de la nouvelle politique africaine de Paris : “La non-intervention de la France de Macron est révélatrice de la nouvelle politique africaine de la France qui invite les Africains à s’assumer.”
En conclusion, si la France est désormais, à l’échelle mondiale, une “puissance moyenne, engluée dans une crise financière,” la véritable influence résiduelle serait, selon Leyama, d’ordre psychologique : “Nos mentalités de colonisés incapables de se libérer de leurs chaînes d’esclaves.”










