Selon Africa Intelligence, c’est à Brazzaville, dans les salons privés de Sassou-Nguesso, que se déroulent les négociations pour l’avenir de l’ancien parti au pouvoir. Blaise Louembé, proche du régime d’Oligui Nguema, et Ali Akbar Onanga Y’Obegue, fidèle à Ali Bongo, ont été convoqués à une “réunion de réconciliation”. Cette démarche, loin d’être un simple acte de bon voisinage, est interprétée par de nombreux observateurs comme une volonté de préserver l’héritage politique de la famille Bongo, dont la survie semble désormais reposer sur le soutien de la famille Sassou-Nguesso.
Une succession familiale sous influence
L’implication d’Omar-Denis Junior Bongo, petit-fils de Denis Sassou-Nguesso et fils d’Omar Bongo, est au cœur de cette manœuvre. Présent lors de la réunion du 27 juillet, il est présenté comme le futur leader du PDG, avec l’aval d’Ali Bongo lui-même. Cette désignation, orchestrée depuis l’étranger et par une puissance voisine, soulève de sérieuses questions sur la souveraineté du Gabon. La famille Sassou-Nguesso semble s’arroger le droit de choisir le chef d’un parti politique gabonais, minant ainsi toute perspective de renouveau démocratique.
Ce processus de succession, loin d’être transparent, alimente le sentiment que les affaires du Gabon sont gérées par un cercle fermé d’élites, sans prendre en compte la volonté des Gabonais. L’intervention du président congolais et la promotion d’un “héritier” lié aux deux familles renforcent l’idée que le pouvoir est une affaire de lignage, non de légitimité populaire.
La souveraineté du Gabon en question
Cette ingérence est d’autant plus préoccupante qu’elle intervient à un moment où le pays tente de se reconstruire. Les citoyens aspirent à un changement profond et à la fin des dynasties politiques. Le fait que l’avenir du PDG, un acteur majeur de la politique gabonaise, soit discuté et potentiellement décidé à l’étranger, dans un pays voisin, est un affront à la souveraineté nationale.
En tentant de réanimer un parti discrédité sous le contrôle d’un “héritier” imposé, le président congolais entrave la possibilité pour le Gabon de tracer sa propre voie. Après les appels du pied du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, appelant à voter pour Brice Clotaire Oligui Nguema en langue fang quelques mois avant la présidentielle du 12 août dernier, et le pressing du président angolais João Lourenço pour obtenir le départ en exil de la famille du président déchu Ali Bongo, cette nouvelle ingérence souligne une vérité dérangeante : le destin politique du Gabon semble désormais dépendre des calculs et des intérêts de ses voisins.