L’AGASA avait déjà été au cœur d’une tempête en décembre 2024, suite à la fermeture des magasins Fobert. Cette décision, initialement motivée par la découverte de produits avariés et des soupçons sur la production de Coca-Cola, s’était soldée par un rétropédalage. Une enquête interne approfondie avait démontré que les marchandises avariées étaient destinées à la destruction, et que les produits Coca-Cola étaient conformes. Cet incident, largement médiatisé et préjudiciable à l’image de l’Agence, avait conduit au limogeage du Directeur Général de l’époque, Anatole KABOUNOU ONKONI, ouvrant la voie à la nomination du Dr. Jean Delors BIYOGUE.
Aujourd’hui, un peu plus d’un an après sa prise de fonction, le Dr. BIYOGUE semble déterminé à éviter que l’AGASA ne répète de telles bévues. Son intervention publique vise à recadrer les missions de l’Agence et à affirmer une nouvelle ère de rigueur.
Le communiqué l’AGASA signé du Dr. BIYOGUE, daté du 27 mai 2025, ne mâche pas ses mots. Il débute par un constat alarmant : des “vidéos et articles de presse (…) mettant en scène une descente dite “musclée” du Directeur Général Adjoint (…) chez deux producteurs d’eau en sachet”. L’objectif est clair : désavouer l’opération.
Le Directeur Général s’appuie sur le cadre légal et réglementaire strict qui régit les inspections sanitaires au Gabon. Il rappelle que de telles missions “ne peuvent être conduites que par des agents qualifiés, habilités et ayant prêté serment en tant qu’officier de police judiciaire”. Cette précision, loin d’être anodine, suggère une potentielle non-conformité dans l’habilitation de l’action du Commandant MAPANGOU.
Plus grave encore, le communiqué souligne que “toutes les missions d’inspection sont programmées et coordonnées par le Directeur de l’Inspection et des Contrôles Sanitaires et Phytosanitaires et exécutées par les inspecteurs et contrôleurs assermentés”.
Le Dr. BIYOGUE ne cache pas sa consternation : “je suis au regret de constater que le Directeur Général Adjoint de l’AGASA, fasse fi en mondovision des procédures légales et administratives encadrant l’inspection sanitaires des produits et des denrées alimentaires en République Gabonaise à des fins inavouées.”
L’AGASA à l’Ère de la “Nouvelle République” et de la Professionnalisation
Au-delà de la simple réprimande interne, le communiqué s’inscrit dans un contexte politique plus large. Le Dr. BIYOGUE fait explicitement référence au plébiscite du président de la République Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA à la présidentielle du 12 avril 2025, marquant l’avènement de la “Cinquième République”. Il insiste sur le “changement des habitudes, des pratiques administratives malsaines et surtout du respect de la règle de droit dans la conduite des affaires publiques”.
L’Agence, par ailleurs, est engagée dans un processus ambitieux de “certification ISO 9001 et d’accréditation ISO 17020”, visant à professionnaliser ses inspections. Les actions du DGA sont perçues comme une attaque directe contre ces efforts : “le Directeur Général Adjoint se permette de fouler au pied toutes les procédures d’inspections (…) de façon cavalière sans en référer, ni informer qui que soit, prenant ainsi le risque d’exposer l’Agence à des poursuites judiciaires.”
Face à cette situation, le Dr. BIYOGUE se montre ferme et rassurant. Il s’adresse au “ministère public, les opérateurs économiques et l’ensemble des inspecteurs de l’AGASA”, leur garantissant que “tout sera mis en œuvre pour que plus jamais de telles dérives ne se poursuivent”.
L’acte “posé de manière cavalière par le Directeur général adjoint, le Commandant Oscar SADIBI MAPANGOU, n’engage en aucune manière l’AGASA”, conclut le communiqué.