Le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), parti fondé et dirigé par l’actuel vice-président du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier, voit l’un de ses cadres quitter ses rangs. Nazaire Moutendi Moukaka, membre du Bureau Politique et élu local de la commune d’Akanda, a annoncé sa démission dans une lettre datée du jeudi 8 mai 2025, adressée au président par intérim du RPM, Jean Robert Goulougana.
Dans son courrier, dont notre rédaction a pris connaissance, Moutendi Moukaka explique sa décision par un désaccord fondamental avec la nouvelle orientation politique empruntée par la direction du parti. “Après une longue période de réflexion suscitée par les profondes mutations politiques récentes dans notre pays, j’ai décidé en mon âme et conscience de vous présenter ma démission du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM)”, écrit-il.
L’élu d’Akanda, qui rappelle son engagement au sein du parti depuis sa création en 2014 (sous le nom initial de RHM), où il a gravi les échelons jusqu’à devenir membre du Bureau Politique et représentant local, affirme partir avec le sentiment d’avoir “œuvré avec sincérité à structurer le RPM”. Il justifie son départ par la volonté de “reprendre [sa] liberté d’action et de [s]’inscrire dans une dynamique politique nouvelle”, faisant écho aux récents bouleversements sur la scène politique gabonaise.
Interrogé par notre rédaction, un cadre du parti qui a souhaité garder l’anonymat, a réagi à cette annonce. Tout en reconnaissant l’ancienneté de Moutendi Moukaka au sein du parti, il a minimisé la portée de son départ et contesté son rôle central dans la structuration du RPM. “Quand on dit qu’on a œuvré à structurer le RPM, je ne sais pas à quelle haute fonction il a occupé, à part celle de membre du bureau politique, du congrès de 2022”, a-t-il déclaré.
La même source a également souligné que l’élection locale de Moutendi Moukaka en 2018 à Akanda avait été acquise dans le cadre d’une alliance avec l’Union nationale, suggérant que son succès électoral ne reposait pas uniquement sur sa seule implication au sein du RPM.
Avant d’insinuer que ce départ pourrait être motivé par des opportunités politiques liées à la possible création d’un nouveau parti par le président de la République : “Je pense bien qu’il nageait bien en sous-marin avec le Gabao de Franck Nguema. Aujourd’hui, quand il dit qu’il cherche une nouvelle dynamique politique ou je ne sais pas, c’est parce que les gens, aujourd’hui, sont dans l’optique d’adhérer au parti que le président de la République va certainement lancer d’ici quelques jours”.
Cette démission relèverait davantage d’une stratégie de positionnement personnel dans un contexte de recomposition politique que d’un réel désaccord idéologique ou d’un problème interne au RPM : “On ne quitte pas un parti politique après dix ans sans véritable raison, vraiment des controverses ou bien qu’il y ait eu quelque chose. Sinon, le RPM est un parti qui se porte très bien”, a-t-il conclu.