Par Guilou Bitsutsu-Gielessen
Dans un Gabon en pleine transformation, l’économie doit se moderniser pour répondre aux défis d’une forte dépendance aux importations. La solution ne réside pas dans une seule approche, mais dans la synergie de deux concepts : une “centrale d’achats” et un “Marché d’Intérêt National (MIN)” Ces deux structures, bien que distinctes, sont complémentaires et doivent former le socle d’une nouvelle ère pour la chaîne d’approvisionnement nationale.
La centrale d’achats : l’union fait la force économique
Imaginez des petits et grands commerçants, des hôteliers et des restaurateurs, unissant leurs forces pour négocier leurs approvisionnements. C’est l’essence même d’une centrale d’achats. En regroupant les commandes, elle offre un pouvoir de négociation colossal face aux fournisseurs, permettant d’obtenir des prix de gros, des délais de paiement plus souples et de meilleures conditions logistiques.
Pour un pays qui importe plus de 80 % de ses produits alimentaires, les gains sont évidents. En gérant de gros volumes, la centrale peut maîtriser les coûts, rationaliser les procédures douanières et réduire considérablement le prix final pour les professionnels, et par ricochet, pour les consommateurs.
Cependant, la mise en place d’un tel système n’est pas sans défis. Elle exige une logistique sans faille, des entrepôts modernes et une gestion de la trésorerie rigoureuse. C’est la qualité de l’exécution qui fera la différence.
Le MIN : un pôle de distribution pour l’agro-alimentaire
Alors que la centrale d’achats opère en amont, le Marché d’Intérêt National (MIN) agit comme un catalyseur pour l’ensemble de la filière agro-alimentaire. Il ne s’agit pas d’un simple marché, mais d’une infrastructure physique centralisée, un véritable hub où l’offre et la demande de produits frais se rencontrent.
Un MIN serait une bouffée d’air frais pour l’agriculture gabonaise. Il offrirait un débouché stable et organisé aux producteurs locaux de Ntoum, Koulamoutou ou de la Ngounié, leur évitant de se débattre pour vendre leurs récoltes. Il permettrait d’instaurer des standards de qualité, de réduire le nombre d’intermédiaires et d’améliorer la transparence des prix.
De plus, il rationaliserait l’importation des produits qui ne peuvent être produits localement, en centralisant leur distribution et en assurant des contrôles sanitaires stricts avant leur mise sur le marché.
C’est un projet structurant qui non seulement bénéficierait aux producteurs et aux commerçants, mais qui renforcerait aussi la souveraineté alimentaire du pays.
Une vision pour l’avenir
L’association d’une centrale d’achats et d’un MIN offre une approche globale et cohérente pour moderniser le commerce Gabonais. La centrale d’achats, en tant que structure organisationnelle, se concentrerait sur la négociation et l’agrégation des commandes pour tous types de produits. Quant au MIN, en tant que marché organisé, deviendrait le cœur battant du commerce des produits frais, locaux comme importés.
La mise en œuvre de ces projets n’est pas une mince affaire. Elle nécessitera un investissement massif, une gouvernance transparente et la collaboration de tous les acteurs, publics et privés. Le retour sur investissement serait immense : des coûts réduits, une économie locale dynamique, une chaîne d’approvisionnement plus sûre et, au final, une vie quotidienne améliorée pour tous les Gabonais.
C’est une vision audacieuse, mais indispensable pour que le Gabon construise son avenir économique avec assurance et détermination.