L’ANBG : Un intermédiaire, pas le payeur
Contrairement à la perception générale, la mission de l’ANBG n’est pas le paiement direct des bourses. Selon un haut cadre de l’administration gabonaise, l’ANBG est un organisme de vérification et de transmission des dossiers. “La mission de l’ANBG n’est pas de payer les bourses. L’ANBG n’est pas une banque”, explique cette source. “Son travail, c’est de vérifier que les étudiants ont droit à la bourse, qu’ils sont régulièrement scolarisés, qu’ils collectent les résultats de ces étudiants, les pièces académiques requises pour obtenir la bourse.”
Une fois ces informations réunies, l’ANBG établit des états de paiement qui sont ensuite envoyés au Trésor Public. C’est le Trésor Public qui, à l’image des salaires des fonctionnaires, procède au virement des bourses dans les différentes banques pour les étudiants. Pour ceux à l’étranger, le Trésor Public envoie les fonds à des organismes intermédiaires chargés de les reverser aux bénéficiaires. “Les retards de paiement n’incombent pas au directeur général de l’ANBG. On se trompe de cible. Ce sont les difficultés du Trésor Public qui sont à l’origine des retards de paiement”, affirme la source.
Une industrie éducative en péril ?
Le second niveau de cette problématique réside dans l’impact de ces retards sur l’ensemble du système éducatif. Le Gabon a opéré un virage stratégique en privilégiant la scolarisation des étudiants dans des établissements supérieurs domiciliés sur son territoire, plutôt que de les envoyer systématiquement à l’étranger. Cette politique a favorisé l’émergence de dizaines d’établissements d’enseignement supérieur privés, qui accueillent majoritairement des boursiers.
Cependant, ces établissements dépendent crucialement du paiement des frais de scolarité par l’État. “Depuis plusieurs mois, pratiquement depuis la fin de l’année 2024, ces établissements n’ont pas reçu le paiement des scolarités”, déplore la source. Cette situation met en péril leur fonctionnement, malgré qu’ils continuent d’assurer les enseignements. “Ça fait que beaucoup d’entre elles ont de sérieuses difficultés, il y a même certaines qui sont en faillite, en voie de fermeture. Leur personnel accumule plusieurs mois d’arriérés de salaire.”
Cette crise ne touche pas uniquement les établissements d’enseignement supérieur. Les établissements secondaires privés reconnus d’utilité publique, tels que le Lycée Djoué Dabany et le Cours Secondaire Ambourouet, ainsi que les établissements confessionnels, sont également impactés par le non-paiement des subventions et frais de scolarité de la part de l’État pour les élèves boursiers.
En somme, la crise actuelle des bourses et frais de scolarité au Gabon révèle des dysfonctionnements majeurs au niveau du Trésor Public, menaçant la survie d’une “industrie éducative” entière et impactant directement des milliers d’étudiants, d’élèves et de personnels éducatifs.