Simandou : Le succès d’une vision disciplinée
Le gisement guinéen de Simandou est une réalité concrète dont les premières exportations ont débuté mi-novembre 2025. Avec un minerai de qualité exceptionnelle (65 % de fer) et une capacité de production future de 120 millions de tonnes par an. L’État guinéen, soutenu par la Chine et Rio Tinto, a mené à terme des infrastructures colossales, comprenant notamment un réseau ferroviaire de plus de 600 kilomètres et un port maritime dédié. Simandou démontre ainsi qu’un gisement ne prend de la valeur qu’à travers une stratégie sans faille et des investissements massifs et tenus.
Belinga : Le prix de l’attentisme face à la concurrence
Au Gabon, le potentiel de Belinga, vaste gisement du district de M’vady dans l’Ogooué-Ivindo, est freiné par un manque criant d’infrastructures essentielles. Malgré une expédition test réalisée en 2023, le passage à la phase industrielle est rendu impossible par l’absence de chemin de fer dédié, de port en eau profonde, et d’une source d’énergie suffisante pour une production à grande échelle. Selon Christian Magnagna, président du Conseil d’administration d’Ivindo Iron, près de 200 milliards de FCFA ont pourtant déjà été investis dans ce projet stratégique, notamment pour les phases d’exploration et la mise en place des infrastructures logistiques autour du site minier. Malgré cet effort financier initial, le projet est resté bloqué au stade exploratoire, illustrant le prix de l’attentisme face à la compétition continentale.
La pertinence de la discipline stratégique de Bilie-By-Nze
C’est dans ce contexte d’immobilisme que l’approche préconisée par Alain-Claude Bilie-By-Nze dès 2022 retrouve toute sa pertinence. Contre la promesse d’une exploitation massive irréaliste, il avait prôné le « réalisme progressif ». Sa stratégie consistait à commencer à petite échelle en s’appuyant sur les infrastructures existantes, comme le Transgabonais et le port d’Owendo.
L’objectif était de lancer une production pilote limitée pour tester la chaîne logistique et rassurer les investisseurs, avant d’envisager une montée en puissance graduelle, au rythme des financements et du développement des infrastructures dédiées. Cette méthode, visant la discipline stratégique et l’exploitation par étapes, aurait permis de consolider la crédibilité du projet tout en protégeant le pays d’un éventuel effondrement des prix. Cependant, le coup d’État d’août 2023 et le gel des décisions qui a suivi ont interrompu cette feuille de route, laissant le projet dans une phase d’attente prolongée. L’exécution magistrale de Simandou, face à l’enlisement actuel de Belinga, semble ainsi confirmer la justesse de cette vision pragmatique.
L’impératif de la réorientation stratégique
Aujourd’hui, la priorité du Gabon n’est plus de vouloir rivaliser avec Simandou, mais de définir une stratégie adaptée à ses propres moyens. L’impératif est de renouer avec la rigueur et de concentrer les efforts. Cela implique notamment de se concentrer sur des projets plus avancés et réalistes à court terme, tel que Baniaka, et de miser sur la valorisation du manganèse, un secteur où le pays excelle déjà à l’échelle mondiale. Parallèlement, le Gabon gagnerait à créer une sidérurgie nationale pour transformer sur place le fer et le manganèse. Ce choix permettrait de produire localement des matériaux à plus forte valeur ajoutée et de réduire la dépendance vis-à-vis des exportations brutes.
En privilégiant la transformation locale et l’approche progressive, le Gabon pourrait transformer ses ressources minières en un levier de croissance industrielle durable, s’éloignant de l’attentisme coûteux qui a freiné le potentiel de Belinga, dans le district de M’vady.










