Une stratégie gouvernementale axée sur la transformation
La vision du gouvernement gabonais, traduite dans le PLF 2026, repose sur une stratégie de transformation structurelle et de souveraineté économique. La méthode du budget base zéro en est la pierre angulaire, exigeant la justification de chaque dépense et orientant le financement vers six piliers stratégiques. Ces derniers visent à moderniser les infrastructures, à stimuler l’entrepreneuriat des jeunes, à améliorer le capital humain et à renforcer la gouvernance. L’objectif est de bâtir un “Édifice Nouveau” en s’affranchissant de la dépendance au pétrole.
Des hypothèses de croissance divergentes
L’écart de prévisions entre les deux entités s’explique en grande partie par leurs hypothèses fondamentales, notamment sur le secteur pétrolier.
Le Gabon table sur une production pétrolière en légère contraction de -3 %, mais mise sur une hausse du prix du baril de +5 %, le projetant à 65,1 USD. Le gouvernement anticipe que le moteur de la croissance sera le secteur hors-pétrole, avec une projection impressionnante de +9,2 %, soutenue par un budget d’investissement sans précédent et des projets structurants.
La Banque mondiale, en revanche, est beaucoup plus pessimiste. Elle prévoit non seulement une baisse continue de la production pétrolière, avec des contractions de -5,8 % en 2026, mais aussi des prix mondiaux du pétrole plus bas, autour de 60 USD le baril. Pour l’institution, cette double peine entraînerait une baisse des recettes publiques et un déficit budgétaire qui pourrait atteindre 5 % du PIB.
La Banque mondiale met en évidence la maturité des champs pétroliers gabonais comme la principale cause du déclin de la production. Dans son rapport, elle encourage la diversification et les réformes, reconnaissant les efforts du pays mais restant prudente quant à leur impact à court terme.
Conclusion : Un pari audacieux sur l’avenir
L’analyse de la Banque mondiale se concentre sur les dynamiques traditionnelles de l’économie gabonaise, en particulier la fragilité de son secteur pétrolier et son exposition aux fluctuations des prix mondiaux. L’institution projette ainsi un avenir où les défis l’emportent sur les opportunités.
À l’inverse, le gouvernement gabonais parie sur la capacité de sa nouvelle stratégie économique et de ses réformes structurelles pour transcender les contraintes conjoncturelles. Le PLF 2026 n’est pas qu’un simple document budgétaire, il est un déclaration d’intention qui, s’il est mené à bien, pourrait permettre au pays de réduire sa dépendance aux hydrocarbures et d’entrer dans une nouvelle ère de croissance. Reste à savoir si l’ambition nationale saura résister à la réalité des marchés mondiaux.