Un tournant motivé par la souveraineté économique
Si, depuis son arrivée au pouvoir, Brice Clotaire Oligui Nguema a lancé une série de nationalisations, il s’était jusqu’ici gardé de s’en prendre directement au petit commerce, majoritairement détenu par la communauté étrangère, en particulier celle issue de l’Afrique de l’Ouest. Ce 12 mars, cette tendance a changé. Les autorités gabonaises ont annoncé une décision majeure : l’interdiction pour les expatriés d’exercer dans plusieurs secteurs de la petite économie.
Hasard ou non, cette annonce a suivi de quelques heures l’interpellation brève de deux activistes à Lambaréné. Ces derniers avaient dénoncé, dans une vidéo virale, la domination du commerce de détail par la communauté béninoise au marché municipal Isaac, au détriment des commerçantes gabonaises. Cette vidéo a mis en lumière une frustration croissante. En réponse, le gouvernement a adopté en Conseil des ministres l’interdiction d’exercer certaines activités de petite envergure.
Un secteur désormais réservé aux Gabonais
Le gouvernement a décidé de « réviser la réglementation sur les métiers réservés aux nationaux afin d’en garantir l’exercice exclusif par les Gabonais, y compris dans les secteurs émergents tels que le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne. »
Le communiqué officiel précise que le secteur du commerce informel, bien que dynamique, « échappe souvent au cadre légal et pénalise les entrepreneurs nationaux, en particulier les jeunes et les femmes ». Désormais, l’exercice de plusieurs activités de petite envergure est interdit aux étrangers, notamment le commerce de proximité, l’envoi d’argent non agréé, la réparation de téléphones et de petits appareils, la coiffure et les soins esthétiques de rue, ou encore l’exploitation de petits ateliers et machines de jeux sans enregistrement.
Une mesure critiquée par l’ancien Premier ministre
La décision a cependant suscité la réaction de l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. Sur son compte Twitter, il a critiqué cette politique qu’il considère comme une diversion : « Haro sur le petit commerce informel par des étrangers ! Les marchés publics eux, payés par le contribuable, continuent à être attribués aux entreprises étrangères à capitaux étrangers. Le petit étranger, parfait bouc émissaire d’un pouvoir sclérosé ! »