Cette décision intervient alors que le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a maintes fois appelé à une “justice forte et indépendante”. Un vœu pieux qui semble se heurter à une résistance au sein même de l’appareil judiciaire, à l’image de cette chambre d’accusation présidée par Ulric Arnol Nzoundou Bignoumba. Cette juridiction était chargée d’examiner la requête en non-lieu déposée par les conseils locaux d’Hervé Patrick Opiangah.
Le rejet de cette demande, basé sur la simple absence de comparution de l’intéressé devant le juge d’instruction, suscite l’incompréhension. Un juriste contacté par notre rédaction, sous couvert d’anonymat, s’interroge : “En droit, la mise en cause d’une personne requiert des indices graves ou concordants. Où sont ces éléments dans ce dossier ?”
En effet, l’affaire Opiangah semble truffée d’anomalies. Selon nos informations, aucune plainte n’aurait été enregistrée à la date du 14 novembre, contrairement aux affirmations initiales. Plus troublant encore, la prétendue victime, Elisabeth Opiangah, aurait elle-même démenti les accusations portées contre son père, allant jusqu’à déposer une plainte pour diffamation. Une action qui, curieusement, serait restée lettre morte au niveau du parquet.
Un magistrat, visiblement consterné par le verdict, confie : “Ils [les magistrats de la Chambre d’accusation] reconnaissent les failles du dossier, le dépôt de plainte hors délai, le démenti de la victime, mais ils s’arc-boutent sur la non-présentation d’Opiangah pour justifier le maintien de la procédure.”
Cette obstination de la chambre d’accusation soulève de sérieuses questions quant à son impartialité et à son indépendance. L’ombre d’une procédure “politisée et instrumentalisée”, alimentée par des “mains noires”, plane au-dessus de ce dossier. La justice gabonaise, déjà mise à rude épreuve, voit sa crédibilité une fois de plus entachée par une décision qui défie la logique juridique et le bon sens.
Pour les avocats d’Hervé Patrick Opiangah, cette décision pourrait bien sceller une “compromission” de la chambre d’accusation et de l’État gabonais dans cette affaire. Comment justifier le maintien des poursuites en l’absence d’indices incriminants ? Au nom de quoi la non-comparution devant le juge d’instruction devient-elle un motif suffisant pour refuser un non-lieu ?
L’attitude de la chambre d’accusation interpelle d’autant plus que la prétendue victime semble avoir pris le parti de son père, se retournant contre ses accusateurs. La justice gabonaise apparaît dès lors comme une partie prenante acharnée, ignorant les contradictions flagrantes du dossier.
À l’instar de Bruno Obiang Mve et Eddy Minang, Ulric Arnol Nzoundou Bignoumba est désormais pointé du doigt pour une décision qui s’apparente à un déni de droit. En refusant le non-lieu à Hervé Patrick Opiangah, exilé depuis plus de six mois en raison de cette affaire, la chambre d’accusation s’inscrit dans la lignée d’une “justice dévoyée et sous influence”, au mépris des aspirations de la Ve République et des appels à une véritable indépendance judiciaire. L’affaire Opiangah risque de laisser des traces profondes dans le paysage judiciaire gabonais, soulevant de légitimes inquiétudes quant à l’équité et à l’impartialité de son fonctionnement.