Par Guillou Bitsutsu-Gielessen
L’engouement des des législatives et locales de 2025 n’est pas un phénomène soudain, mais le symptôme d’un désir profond de tourner la page d’un système politique verrouillé. Ces élections incarnent un mélange d’espoir, de vigilance et de volonté de participation active à l’édification d’un Nouveau Gabon. Loin d’être un simple renouvellement de députés, elles sont perçues comme l’acte de naissance d’une nouvelle République, fondée sur une légitimité populaire retrouvée.
Pour comprendre cet élan, il est essentiel de le replacer dans son contexte immédiat. Pendant 56 ans, le régime Bongo a dominé le Gabon, transformant les élections en de simples formalités destinées à entériner un pouvoir déjà en place. Cette défiance a alimenté une abstention massive et un désintérêt croissant pour la politique.
Le coup d’État d’août 2023, survenu suite à la contestation des résultats de la présidentielle, a mis fin à cette ère. La transition, dirigée par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a alors fait la promesse de “redonner la parole au peuple” via des élections libres et transparentes.
C’est là que réside le rôle catalyseur d’Oligui Nguema. Que l’on perçoive cette mobilisation comme un espoir, une nécessité ou un fait marquant de l’actualité récente, son action a incontestablement ravivé l’attention et l’espoir des citoyens. Après une longue période de désillusion, la transition a eu pour effet de recentrer le débat public sur la politique, ravivant ce que l’on pourrait appeler “la flamme” de l’engagement civique.
Le terme “engouement” pour décrire l’attente des élections législatives de 2025 est pertinent, car il traduit une dynamique nouvelle et historique au Gabon. Pour la première fois depuis des décennies, les Gabonais ont le sentiment que leur vote comptera réellement. L’absence d’un candidat sortant tout-puissant et la promesse d’un scrutin transparent créent un sentiment de possibilité et de renouveau. Après des années d’exclusion et de confiscation de la démocratie, les citoyens veulent se réapproprier leur destin politique. Ces législatives sont l’occasion d’élire de vrais représentants qui porteront leurs aspirations, et non plus de simples fidèles du régime. De plus, la transition a ouvert l’espace politique. On assiste non seulement à la recomposition de l’ancien parti au pouvoir (PDG), mais aussi à l’émergence de nouveaux partis et de nouvelles figures politiques, dont des mouvements citoyens et de jeunes leaders.
Les Gabonais se mobilisent pour des questions qui les touchent directement. La lutte contre la corruption, l’espoir d’une meilleure redistribution des richesses dans un pays riche mais où une grande partie de la population vit dans la pauvreté, ainsi que la question cruciale de l’emploi des jeunes, sont au cœur de leurs préoccupations.
Cependant, cet engouement n’est pas exempt de défis et de zones d’ombre. Il est aussi alimenté par la peur de la désillusion. Certains craignent que cet enthousiasme ne débouche sur de nouvelles déceptions si le processus électoral est mal géré. Paradoxalement, cette crainte renforce l’importance que les citoyens accordent à ces élections. Loin de freiner la mobilisation, elle encourage la vigilance, car l’enjeu est de ne pas laisser cette flamme naissante s’éteindre.
La transition actuelle offre une occasion historique pour le Gabon de se réinventer, mais le succès de cette entreprise repose sur une participation citoyenne active et une vigilance collective pour garantir que les promesses de démocratie soient pleinement tenues.