Malgré un hommage rendu à la CNOCER (Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum) pour ses efforts face à la complexité de ce double scrutin, l’ACER a, lors d’un point de presse ce mardi 30 septembre, appelé à une rectification urgente des processus et des résultats.
Un processus entravé par les fautes organisationnelles
Le vote a été compromis par un ensemble de failles organisationnelles majeures. L’ACER a notamment pointé du doigt la distribution très tardive des cartes d’électeurs et l’absence de listes d’affichage dans plusieurs centres, des facteurs qui ont empêché de nombreux citoyens de voter. Le déroulement même du scrutin a été chaotique, marqué par un démarrage très tardif dans de nombreux bureaux et le remplacement de scrutateurs formés par des personnes inexpérimentées.
Sur le plan matériel, les bureaux de vote ont souffert de graves lacunes. L’ACER a relevé l’absence de bulletins de vote pour certains candidats, l’absence de listes d’émargement, la non-conformité ou l’absence d’isoloirs, et un défaut d’identification claire des urnes (locales versus législatives), ajoutant à la confusion.
Violations de procédures et poursuites judiciaires
Au-delà des ratés logistiques, l’Autorité a documenté des comportements répréhensibles et des actes graves. L’ACER déplore l’intrusion de candidats dans les bureaux de vote, des actes de violence incluant la destruction de matériel, et surtout la délivrance irrégulière et abusive de procurations par certaines commissions électorales. L’Autorité a également souligné que sa propre mission de contrôle a été obstruée par certains présidents de bureaux.
Face à ces délits électoraux, l’ACER a lancé un avertissement sévère : les auteurs, en particulier ceux impliqués dans la délivrance ou l’usage de procurations frauduleuses et les responsables de violences, feront l’objet de poursuites judiciaires. Le Code électoral prévoit pour ces infractions des sanctions pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 5 millions de FCFA d’amende.
L’Autorité s’est toutefois félicitée que les mécanismes de contrôle aient permis de détecter ces anomalies, attribuant les incidents à des défaillances organisationnelles plutôt qu’à une fraude coordonnée.
Exigences d’annulation dans plusieurs circonscriptions
Jugeant que ces irrégularités ont nui au déroulement régulier du scrutin dans plusieurs zones, l’ACER a pris la décision de recommander formellement au ministre de l’Intérieur l’annulation et la reprise du scrutin dans plusieurs circonscriptions spécifiques au Gabon et à l’étranger, ceci sans préjudice des recours déjà déposés.
Parmi les zones citées par le directeur général de l’ACER, Wenceslas Mamboundou, figurent des bureaux dans la Province de l’Estuaire (Ntoum), le Haut-Ogooué (Leconi-Lekori), la Nyanga (Douigny), l’Ogooué-Lolo (Lombo-Bouenguidi et Mulundu), le Woleu-Ntem (Haut-Ntem), ainsi qu’un bureau à l’étranger dans la Zone Europe-Amérique-Asie-Océanie (Rennes en France).
L’ACER a enfin demandé à la CNOCER de procéder à la rectification de toute erreur matérielle ayant affecté les résultats annoncés pour le 2e arrondissement de la Commune d’Akanda, exhortant l’ensemble des acteurs à l’apaisement et au respect des voies de recours légales.