L’analyse de cette affaire révèle un paradoxe troublant
Le rédacteur en chef de GMT, Morel Mondjo Mouega, ne se contente pas de défendre la survie de son média en tant qu’entité journalistique. Il adopte une approche plus large, ancrée dans la réalité socio-économique gabonaise. Son appel, loin d’être un simple plaidoyer pour un journal, devient un cri d’alarme pour la préservation d’une entreprise qui, à son échelle, contribue à la vitalité économique du pays.
Il souligne que GMT n’est pas une simple coquille vide, mais une très petite entreprise qui fait vivre une quinzaine de familles, contribue au système fiscal et social, et forme de jeunes professionnels. L’éventuelle fermeture du média ne serait pas seulement un acte de censure, mais une sanction qui condamnerait ces familles à l’incertitude et mettrait en péril leur sécurité financière.
Ce qui rend l’affaire d’autant plus troublante est la contradiction apparente entre les actions de certains membres du gouvernement et le discours officiel du Chef de l’État. Alors que le Président de la République ne cesse d’encourager l’entrepreneuriat et la jeunesse à créer des emplois pour lutter contre le chômage, la menace qui pèse sur GMT envoie un message inverse et décourageant. C’est une dissonance politique flagrante qui, selon M. Mondjo Mouega, sabote les efforts du sommet de l’État et instille le doute sur les véritables intentions du gouvernement.
Cette affaire fait aussi écho aux pratiques passées. Le rédacteur en chef de GMT note qu’y compris sous le régime d’Ali Bongo Ondimba, souvent qualifié de répressif, un ministre en fonction n’avait jamais usé d’une telle mesure pour exiger la fermeture d’un média. La démarche actuelle, jugée excessive et sans précédent, soulève la question de l’intensification de la pression sur les voix critiques dans un contexte de transition.
Loin d’être une simple plainte, l’éditorial de Morel Mondjo Mouega est une interpellation citoyenne, un plaidoyer pour un Gabon où la réussite entrepreneuriale ne dépend pas du bon vouloir de ceux que l’on dérange. C’est un appel à la conscience collective pour la défense des médias libres et des créateurs d’entreprise, considérés comme des piliers essentiels pour l’éveil citoyen et la construction d’une société plus forte.
La survie de Gabon Media Time devient ainsi un baromètre pour la liberté de la presse et l’avenir de l’entrepreneuriat au Gabon.