C’est une onde de choc systémique qui résonne avec une acuité particulière à Libreville. Tandis qu’Egis demeure un acteur central au Gabon, notamment pour la conception du crucial projet aéroportuaire de Nkoltang, la question se pose avec virulence : le pays est-il armé pour éviter une duplication de la catastrophe camerounaise ?
La fin de l’aventure Egis au Cameroun est digne d’un scénario catastrophe. En février 2024, Yaoundé a mis un terme sans cérémonie à un Partenariat Public-Privé (PPP) de 42 milliards FCFA destiné à moderniser les infrastructures routières. Le résultat est sidérant : deux cents licenciements et une dette bancaire colossale estimée à une vingtaine de milliards de FCFA.
Ce naufrage révèle des erreurs fondamentales de montage : une répartition des risques manifestement déséquilibrée, un engagement financier basé sur des hypothèses trop optimistes, et surtout, l’absence d’un contrôle étatique assez rigoureux. Face à ce fiasco, l’image d’Egis est écornée, poussant le groupe à envisager une retraite partielle du continent au profit de l’Europe et du Moyen-Orient.
Au Gabon, Egis n’est pas un simple prestataire, mais un partenaire stratégique responsable du projet de Nkoltang, conduit avec GSEZ Airports, le futur aéroport international du pays. Bien qu’elle ait aussi géré l’aéroport Léon Mba, cette historique ne constitue plus un bouclier. La vulnérabilité d’Egis, combinée à son historique entaché par des soupçons de corruption dans la sous-région, notamment l’affaire de corruption impliquant Egis Route et Pascaline Bongo.
Le chantier de Nkoltang n’est pas officiellement menacé à court terme. Cependant, cet événement rappelle de manière cinglante qu’aucun contrat n’est inviolable et que la réputation d’un partenaire, même international, peut basculer en quelques mois.
Le 28 mars 2025, le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema a officiellement lancé les travaux de construction de cette nouvelle infrastructure qui se veut être le hub aéroportuaire de la sous-région.
Ce projet qui doit se réaliser sur une durée de quatre ans, vise à moderniser les infrastructures aéroportuaires et à les aligner sur les standards internationaux.
Annoncé en juin 2010 par le président déchu Ali Bongo Ondimba, le nouvel Aéroport international de Libreville devrait être construit sur une parcelle de 1500 hectares.










