Le cœur du problème réside dans l’interdépendance instaurée en 2016 par le Programme des réformes économiques et financières (Pref-Cemac). Conçu pour garantir la stabilité de la monnaie unique, ce cadre impose une forme d’assurance collective : pour qu’un pays bénéficie d’un programme du FMI, les autres membres de la zone doivent impérativement respecter les critères de convergence, notamment en matière d’endettement.
Or, les indicateurs de l’économie gabonaise marqués par une politique de grands travaux et un déficit net en devises de 150 milliards de francs CFA (229 millions d’euros) fin 2025, ont fragilisé l’ensemble de la zone.
Cette situation a entraîné une baisse des réserves de change de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), tombées à quatre mois et demi de couverture des importations.
La gouvernance économique de Libreville compromet l’application du principe d’assurance collective du FMI. Pour le Tchad, le FMI envisage sérieusement d’interrompre son programme FEC de 625 millions de dollars, menaçant le décaissement d’une seconde tranche de 38,5 millions de dollars.
La Centrafrique est dans une position similaire. L’achèvement de la cinquième revue, qui devait permettre le déboursement de 20 millions de dollars, est repoussée à février. Un refus du FMI pourrait même bloquer une tranche de 10 millions d’euros d’un prêt concessionnel français (AFD).
Cette situation a créé des frictions inhabituelles lors des récentes réunions de la CEMAC. L’absence du ministre gabonais des Finances et de l’Économie, Henri-Claude Oyima, aux assemblées du FMI a été perçue comme un signe de désintérêt. Le ministre tchadien, Tahir Hamid Nguilin, a notamment exprimé son irritation face à la double casquette de son homologue gabonais, toujours PDG d’un groupe bancaire.
Malgré les alertes, Libreville maintient sa stratégie d’investissement public. Le budget 2026, en hausse de 72 %, confirme cette orientation. Afin de désamorcer la crise, Libreville a récemment invité le directeur Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie, montrant une volonté de reprendre les discussions. Le pays mise sur ses rentrées pétrolières prévues fin 2025 et début 2026 pour restaurer ses réserves de change.










