Pour Noli Aubiang, au-delà du décompte brut, l’analyse politique de cette représentativité nécessite une approche plus fine, “à la croisée des rapports de pouvoir, des équilibres institutionnels et des perceptions citoyennes.” Elle décrit “un phénomène ambivalent : une visibilité accrue mais encore fragile.”
Des avancées qualitatives notables
Noli Aubiang reconnaît des signaux positifs significatifs. “Du point de vue politique, la nomination d’une femme au rang de ministre d’État, ainsi qu’à la tête de portefeuilles régaliens comme l’Éducation nationale et la Défense nationale, constitue une avancée qualitative majeure,” déclare-t-elle. Elle met en exergue que ces ministères, essentiels car ils “structurent à la fois le socle républicain (éducation) et la souveraineté nationale (défense),” requièrent “vision, autorité, et solidité politique.” Leur attribution à des femmes, “dans le contexte d’une transition institutionnelle, envoie un message de confiance et de légitimation politique du leadership féminin.”
L’entrée au gouvernement de Chaning Zenéba Gninga, unique candidate à l’élection présidentielle de 2025, au ministère de l’Entrepreneuriat, du Commerce et des PME/PMI, est également interprétée par la consultante comme “un repositionnement intelligent du pouvoir autour de figures féminines ayant marqué l’histoire politique nationale.” C’est, selon ses termes, “un signal fort envoyé aux jeunes femmes engagées, en quête de modèles de résilience et d’impact.”
Points de vigilance et questionnements
Néanmoins, Noli Aubiang nuance ce tableau en pointant des éléments de préoccupation. “J’observe que cette progression réelle peut être tempérée par d’autres signaux : la disparition de figures féminines de certains portefeuilles-clés — tels que la Réforme des institutions, la Communication — peut être interprétée, à tort ou à raison, comme une fragilisation de la place stratégique des femmes dans les mécanismes de pilotage de la réforme nationale.”
Ces retraits pourraient être perçus, analyse-t-elle, comme “un recul de l’ancrage féminin dans les sphères techniques de la transformation.” Noli Aubiang alerte sur le fait que “ce glissement peut affecter la lecture publique du rapport femmes/pouvoir, si aucun effort de narration gouvernementale ne vient rééquilibrer la perception.”
Plaidoyer pour la solidarité et une narration stratégique
Devant ce panorama contrasté, la directrice de publication insiste sur l’attitude et la stratégie des femmes actives en politique. “Si certaines voix ont exprimé de la déception face à certaines sorties du gouvernement, il serait contre-productif de tomber dans la critique acerbe ou l’opposition frontale entre femmes,” recommande-t-elle. Elle appelle à “la solidarité, la sororité stratégique et la reconnaissance des parcours, même lorsqu’ils évoluent en dehors du gouvernement.”
En définitive, Noli Aubiang considère que “ce gouvernement offre des leviers puissants pour repositionner l’image des femmes au cœur du pouvoir.” Elle engage les autorités, ainsi que les femmes elles-mêmes, à “construire un récit politique cohérent, fédérateur et tourné vers l’avenir. Un récit qui célèbre les avancées, sans nier les défis, et qui prépare le terrain à une parité plus enracinée, non pas par obligation, mais par évidence de compétence.”