Le système D de la fraude : procurations fantômes et exodes électoraux
Au-delà de l’achat de voix direct, le scrutin a été marqué par des pratiques que l’on avait pensé revolu, après le coup d’État du 30 août 2023. L’achat de procurations reste la norme, certains électeurs à la solde de leur candidat se retrouvant avec un nombre stupéfiant, souvent jusqu’à 500 procurations, vidant de son sens le vote personnel.
Plus édifiant encore, le transport massif d’électeurs vers des circonscriptions où ils n’avaient aucun ancrage familial ou économique. Ces citoyens, souvent démunis, ont été nourris, logés et payé aux frais des candidats les plus nantis, avec souvent la promesse d’un emploi ou d’une promotion. Ces exodes électoraux, orchestrés et financés, ont profondément marqué les esprits, soulignant une distorsion du suffrage.
La CNLCEI : impuissante face au luxe de la campagne
La débauche de moyens observée est en totale contradiction avec l’obligation pour chaque candidat de déposer une déclaration de biens auprès de la Commission Nationale de Lutte contre la Corruption et l’Enrichissement Illicite (CNLCEI).
Le fossé entre le train de vie électoral (incluant les transports, les logements, le cash distribué) et les fonds déclarés est criant. Pourtant, la CNLCEI est contrainte à la passivité : elle se contente d’enregistrer, sans le moindre pouvoir de vérification de l’origine de ces fonds. Comment l’institution peut-elle combattre l’enrichissement illicite ou l’utilisation d’argent sale pour financer la politique quand elle ne peut même pas enquêter sur des déclarations manifestement truquées ?
Le piège constitutionnel et pratique de la Cour des comptes
Le contrôle a posteriori des comptes de campagne par la Cour des comptes apparaît tout aussi illusoire.
D’abord, un problème de constitutionnalité : la Cour est-elle fondée à contrôler les comptes de candidats qui n’ont reçu aucune subvention publique et qui se sont financés exclusivement sur fonds propres ?
Ensuite, la réalité du terrain rend la vérification impossible. Comment la Cour des comptes pourra-t-elle garantir la sincérité des relevés financiers face à l’omniprésence du cash ? L’impossibilité d’authentifier les dépenses liées aux transports, aux logements et aux sommes distribuées directement crée une zone d’ombre légale et financière parfaite pour dissimuler la corruption.
Les institutions de contrôle, censées être les gardiens de l’intégrité, sont manifestement débordées par l’ampleur des pratiques et la faiblesse de leurs outils. Le financement illicite et la fraude électorale s’imposent aussi comme un véritable enjeu de ces élections, jetant un doute durable sur la légitimité des futurs élus.