L’homme d’affaires et personnalité politique de premier plan, l’un des rares civils à avoir joué un rôle de premier plan dès les premières heures du coup d’État d’août 2023 ayant conduit à la chute du régime d’Ali Bongo, en jouant les intermédiaires entre les putschistes et l’opposition, est sorti de sa cavale ce lundi 15 septembre. Il a procédé à l’inauguration d’une usine de chips à sa ferme agricole, à Meyang, dans la commune de Ntoum, appartenant à sa Société gabonaise de développement agricole, Sogada.
Recherches et accusations
Il était le Gabonais le plus recherché par les forces de l’ordre et de sécurité depuis novembre 2014, pour une affaire de mœurs. Introuvable, on le disait en cavale à Sao Tomé-et-Principe ou encore au Maroc. Sa famille politique, qui a toujours clamé son innocence, n’a cessé de multiplier les sorties médiatiques et les recours judiciaires pour clamer son innocence et dénoncer une injustice instrumentalisée, mais en vain. La dernière décision en date attendue par ses proches est celle de la Cour de cassation, où ces derniers attendent que les juges annulent les poursuites judiciaires engagées contre Hervé Patrick Opiangah.
Faits et disparitions
Il avait disparu à la veille d’une convocation à la direction des affaires criminelles de la police judiciaire.
Rumeurs et démentis
Pendant sa fuite, des rumeurs le disaient réfugié les locaux de l’ambassade des États-Unis au Gabon, à Libreville. La mission diplomatique américaine avait dû apporter un démenti via un communiqué. Les soupçons avaient alors été portés sur des réseaux au sein de l’église catholique ou encore des églises de réveil qui l’auraient protégé, mais les enquêtes des renseignements généraux n’avaient rien donné, nous avait confié à l’époque une source sécuritaire.
Conséquences de la fuite
Pendant sa cavale, sa holding HPO avait été mise sous scellés et les employés mis au chômage. Même son club, l’un des leaders du championnat national, le FC Mounana, a été relégué en Ligue 2 faute de moyens financiers, car il était l’unique détenteur de la signature pour les décaissements financiers.
Une vidéo révélatrice
Il était ensuite apparu quelques semaines plus tard, après le début de sa cavale, dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de l’activiste Jonas Moulenda, poil-à-gratter du régime de Brice Clotaire Oligui Nguema, le visage hagard, pour clamer son innocence.
Contexte de sa chute
Sa descente aux enfers est survenue au lendemain d’une déclaration de presse où il avait demandé à voter non contre la nouvelle Constitution au référendum du 16 novembre 2024, pour protester contre la concentration des pouvoirs conférés au prochain président de la République à l’issue de la présidentielle qui devait se dérouler quelques mois après. Le gouvernement a toujours démenti toute implication du régime dans cette affaire.
Perspectives judiciaires
L’apparition de Hervé Patrick Opiangah soulève des interrogations quant à la suite des charges qui pèsent contre lui et surtout face au silence assourdissant du procureur de la République près le tribunal de Libreville, qui laisse à penser, comme l’avaient toujours affirmé ses proches, qu’Opiangah était victime d’une machination judiciaire. En attendant la décision de la Cour de cassation, et surtout la réaction du procureur de la République, toutes les spéculations vont bon train.