Un rapport d’audit en question
Le rapport d’audit de RSM France, commandité par l’UMAC, a été rendu public quelques jours seulement avant la session ordinaire des ministres. Les lauréats regrettent vivement cette fuite, qui, selon eux, fragilise la rigueur des délibérations et pourrait être perçue comme une tentative d’influence extérieure.
Ils rappellent que la suspension du processus de recrutement, décidée par le Comité Ministériel de l’UMAC en juin 2023, reposait principalement sur des allégations de népotisme et de favoritisme. Cependant, à la lecture du rapport de RSM France, aucune preuve explicite ni même mention de népotisme n’est établie. Ce silence, dans un rapport aussi détaillé, soulève des interrogations quant au fondement de la suspension initiale.
Mérite, équilibre sous-régional et genre : Des critères oubliés ?
Les lauréats reconnaissent la rigueur méthodologique du rapport d’audit, mais soulignent qu’il s’est principalement concentré sur l’évaluation du mérite académique des candidats. Or, le concours AES repose traditionnellement sur une triple exigence : le mérite, l’équilibre sous-régional et la prise en compte du genre. Ces principes ont d’ailleurs été formellement consacrés dans un communiqué de presse du Conseil d’Administration de la BEAC en octobre 2022.
La répartition des 66 lauréats, qui semblait traduire une volonté d’équilibre de représentativité des États membres, n’a pas été explorée dans le rapport, laissant de côté un aspect structurant du processus. De plus, les lauréats pointent du doigt quelques erreurs factuelles dans le document, bien que ponctuelles, qui suscitent des interrogations sur sa fiabilité absolue.
Les lauréats, victimes collatérales de la situation ?
Il est important de rappeler que les 66 lauréats ont tous été contractualisés par la BEAC et ont reçu des convocations officielles pour le début de leur formation en juin 2023. Beaucoup d’entre eux ont, dans cette perspective, démissionné de leurs postes antérieurs, renoncé à d’autres opportunités professionnelles, et réorganisé leur vie personnelle et familiale.
Depuis deux ans, aucune procédure contradictoire ni mesure compensatoire n’a été engagée à leur encontre. Les lauréats insistent sur le fait qu’ils n’ont aucune responsabilité dans les dysfonctionnements internes relevés par le rapport. Si ce concours, validé et suivi d’un engagement contractuel, venait à être annulé pour des raisons exclusivement internes et sans responsabilité avérée des candidats, la crédibilité de l’institution et la sécurité juridique de tout concours seraient menacées.
Dans leur courrier, les lauréats affirment ne pas vouloir influencer les travaux du Comité Ministériel, mais simplement fournir des informations factuelles pour contribuer à une appréciation complète, objective et sereine du dossier. La copie de leur courrier a également été adressée au Gouvernement de la BEAC.