En tant que Ministre d’État, Oyima se voit confier le portefeuille élargi de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations. Il est également chargé de la mission particulièrement sensible de la lutte contre la vie chère, un enjeu majeur pour les Gabonais.
C’est toutefois le maintien confirmé de Oyima à la tête opérationnelle de BGFIBank qui cristallise les préoccupations. Un communiqué interne de la direction générale, adressé aux employés du groupe, stipule sans équivoque : “À cet effet, nous tenons à vous rassurer que les activités du Groupe BGFIBank restent sous la supervision du Président Directeur Général.”
Cette double fonction pose un défi majeur en termes de gouvernance et d’éthique. Comme Ministre des Finances, Oyima supervisera l’administration fiscale et la régulation économique nationale. Cette position lui donnerait théoriquement accès à des informations financières et fiscales confidentielles sur toutes les entreprises opérant au Gabon, y compris les concurrents directs de BGFIBank. La simple possibilité qu’il puisse consulter les données de rivaux commerciaux tout en dirigeant l’un des principaux groupes bancaires de la région constitue un conflit d’intérêts manifeste.
Le groupe BGFIBank, dans sa communication interne, a adressé ses “plus vives félicitations à Monsieur Henri-Claude OYIMA pour cette nomination prestigieuse”. La banque réaffirme par ailleurs ses objectifs ambitieux, visant notamment “un résultat net de FCFA 140 milliards en 2025” et préparant son plan stratégique 2026-2030.
Si BGFIBank affiche sa confiance dans la continuité des opérations sous la supervision de son PDG, cette situation renforce les interrogations sur les mécanismes qui garantiront la séparation effective entre ses fonctions publiques et ses intérêts privés. Assurer l’équité, la transparence et une saine concurrence dans la gestion économique du Gabon apparaît comme un impératif.
Le cas Oyima rappelle celui d’Hervé Patrick Opianga, homme d’affaires actif dans les mines (aujourd’hui en fuite), nommé Ministre des Mines lors du premier gouvernement de transition, soulevant déjà à l’époque des questions sur les potentiels conflits d’intérêts.
Face à cette situation où le Ministre des Finances est aussi le dirigeant opérationnel d’une grande banque commerciale, l’attente urgente des clarifications du gouvernement sur les garde-fous concrets qui seront mis en place. La crédibilité des institutions et la confiance dans la gestion des affaires publiques sont en jeu.